Brésil, Russie, Inde, Chine : la dédollarisation du monde avance à bas bruit dans l'économie mondiale
Souvent présentée comme une réalité économique par les adversaires de Washington, la dédollarisation du monde n'en est pourtant qu'à ses prémices. Le billet vert règne toujours en maître sur les échanges mondiaux et il est de loin la première devise dans les réserves de change des grandes puissances de la planète. Mais des signaux faibles se font entendre et le roi dollar vacille sur son trône…
Des contrats sont signés en yuan, des États s’entendent pour échanger dans leurs devises respectives, le pétrole et le gaz naturel ne se vendent plus uniquement en dollar, autant de signes que le monde change. Et il change vite ! Ce qui paraissait encore impossible il y a quelques années devient une réalité, et malgré la faiblesse des volumes et l’omnipotence du billet vert, il se passe quelque chose. Voyons ensemble les dernières nouvelles qui confirment cette tendance de fond : les américains et leur devise perdent du terrain aux quatre coins de la planète finance.
Les signaux faibles de la dédollarisation du monde sont nombreux
On ne reviendra pas ici sur les causes profondes du phénomène qui sont à chercher dans l’histoire récente et dans la géopolitique des dernières décennies, mais plusieurs petites décisions ont marqué l’actualité. Il y a tout d’abord eu les sanctions économiques américaines contre la Libye, la Syrie, l’Iran, le Venezuela ou plus proche de nous, contre la Russie de Poutine.
Les positions belliqueuses et impérialistes américaines ont poussé ses adversaires et ses rivaux économiques à devoir s’organiser, et c’est ce qu’ils ont fait ! L’Arabie saoudite et l’Irak ont par exemple accepté de vendre leur pétrole en yuan à la Chine, chose impensable depuis l’avènement des pétrodollars.
L’Inde a également acheté du pétrole à la Russie en payant en dirham des Émirats arabes unis, tout comme le Brésil et la Chine ont convenu d’accords de libre-échange libellés aussi en yuans. Même la société française Total a livré du gaz naturel à Pékin et a accepté d’être payé dans la devise chinoise !
Sous l’impulsion de la Chine, les BRICS délaissent petit à petit le dollar pour explorer d’autres voies de règlement et des accords récents confirment ce mouvement de fond.

Des accords récents confirment cette tendance de fond : le dollar perd du terrain
La Chine, toujours elle, a par exemple signé un deal avec l’Égypte pour renforcer la coopération financière en utilisant leurs devises respectives et les deux puissances prévoient même de travailler ensemble au développement de leur MNBC nationale.
Deuxième puissance économique continentale derrière l’Afrique du Sud, l’Égypte se rapproche inexorablement de l’Empire du Milieu qui tisse sa toile financière et politique en Afrique à grands renforts d’investissements et d’accords bilatéraux. L’Europe et les États-Unis se retrouvent sur la touche dans des pays qui étaient avant leur pré carré.
Dans un autre style, mais toujours sur la même thématique, ce sont le Pakistan et le Salvador qui se sont rapprochés la semaine dernière. Critiqué par le FMI et longtemps sous la coupe de Washington, le Salvador de Nayib Bukele vole maintenant de ses propres ailes et répand sur le monde la bonne parole de l’économie Bitcoin.
Et Islamabad a répondu à l’appel puisque les deux pays ont convenu de renforcer leur collaboration économique et technologique grâce aux cryptomonnaies. Le Pakistan veut profiter des avantages de la numérisation de l’économie et si cela doit passer par autre chose que le dollar, apparemment, ce n’est plus un souci !
Alors bien sûr, le billet vert représente toujours plus de la moitié des échanges mondiaux, presque 90% des transactions sur les marchés des changes et 72% des réserves de cash à travers la planète, selon les données de la Banque des Règlements Internationaux, mais la tendance est là. Washington perd du terrain et sous l’impulsion des BRICS, la Chine et la Russie avancent leurs pions et la monnaie devient un moyen de soft power incroyablement efficace.
Ce n’est pas pour rien que la nouvelle administration Trump pousse fort derrière le GENIUS Act et les stablecoins en dollars ! Ces cryptomonnaies pourraient être le moyen de contrecarrer les plans des adversaires des USA et de maintenir le billet vert au cœur de l’économie mondiale, fusse-t-elle numérique ! Cela sera-t-il suffisant ? Est-ce déjà trop tard ? Nous vivons une période fascinante où les équilibres du monde sont en train de changer et où les petits d’hier veulent prendre une nouvelle place. Et nous, on fait quoi dans tout ça ? Dollar ? Euro ? Franc Pacifique ? Bitcoin ?