Stablecoin dans le Pacifique : Palaos, laboratoire à ciel ouvert pour une économie plus libre

Bienvenue aux Palaos, un archipel paradisiaque niché dans le Pacifique occidental. Ici, la mer est cristalline, les plages sont de sable fin et, jusqu’à récemment encore, l’économie locale vibrait au rythme des innovations technologiques. 8 îles habitées. 500 îles volcaniques et îlots. 20 000 habitants.

En août dernier, les Palaos ont lancé une expérience inédite : le Palau Stablecoin (PSC), indexé sur le dollar américain. Mais, à peine commencée, cette aventure s’est rapidement heurtée à des obstacles.

Le 8 septembre, les autorités annonçaient en effet la suspension du PSC. Pourquoi ce projet prometteur a-t-il échoué ? Retour sur une expérience pourtant porteuse d’espoir pour nos économies insulaires.

Sur la plage abandonnée, stablecoins et crustacés

Les stablecoins, ce sont des cryptomonnaies qui visent à éliminer la volatilité. Contrairement au Bitcoin, dont la valeur parfois varier, les stablecoins sont adossés à des actifs stables, comme le dollar américain. Cela les rend particulièrement attrayants pour les transactions quotidiennes et les transferts internationaux.

Pour les petites nations insulaires, comme les Palaos, cette stabilité financière est cruciale. En effet, gardons en tête que les économies insulaires sont souvent fragiles, dépendant fortement des importations et du tourisme.

Un stablecoin peut proposer une alternative sûre et moderne, réduisant les coûts et facilitant les transactions dans le pays, mais aussi à l’extérieur.

L’expérience de Ripple et des Palaos

Le PSC a donc été introduit il y a un peu moins d’un an avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme. En partenariat avec Ripple et XRP Ledger pour fournir les infrastructures nécessaires.

L’idée était simple : moderniser l’économie locale et promouvoir l’inclusion financière. Distribué à partir d’août, le PSC promettait de révolutionner les transactions dans l’archipel.
À l’époque, l’ambiance était alors à l’espoir et aux promesses :

« Dans le cadre de notre engagement à être leader en matière d’innovation et de technologies financières, nous sommes ravis de nous associer à Ripple (…) La première phase du partenariat se concentrera sur une stratégie de paiements transfrontaliers et explorera les options pour créer une monnaie numérique nationale, offrant aux citoyens des Palaos un meilleur accès financier. »

Président Surangel Whipps Jr.

Ripple également ne cachait pas sa joie :

« Nous sommes ravis de travailler avec Palau pour atteindre ses objectifs financiers et climatiques (…) Nous avons une merveilleuse opportunité de combiner notre technologie et notre expérience avec les caractéristiques uniques des Palaos pour avoir un réel impact économique et social pour le pays. »

James Wallis, vice-président des engagements des banques centrales chez Ripple.

L’histoire d’un échec ? Pourquoi ça n’a pas marché

Mais, à peine quelques semaines après le lancement officiel fin juillet, les choses ont commencé à se compliquer. Le 7 septembre, Hunter, directeur du projet PSC, annonçait sur la plateforme X (alors encore Twitter) que la distribution du PSC serait suspendue dès le lendemain. Puis, qu’à partir du 15 septembre, les transactions avec le PSC seraient totalement arrêtées.

Pourquoi cet arrêt brutal ? Les raisons exactes restent floues. Problèmes techniques ? Adoption insuffisante par les utilisateurs ? Réglementations complexes ? Peut-être un peu de tout cela. Ce qui est certain, c’est que l’aventure PSC a été brève, mais riche en enseignements.

En effet, les Palaos utilisent le dollar américain (USD) comme monnaie officielle. Cette dépendance à une devise étrangère pose plusieurs défis, notamment en termes de stabilité économique et de souveraineté monétaire. D’autres territoires insulaires, comme la Polynésie Française avec le franc pacifique (XPF), connaissent des problèmes similaires. Leurs économies sont souvent vulnérables aux fluctuations du tourisme et aux importations coûteuses.

C’est là que les stablecoins pourraient jouer un rôle important. En offrant une alternative numérique stable et fiable, ils ont le potentiel de réduire la dépendance aux devises étrangères, faciliter les transactions économiques et promouvoir l’inclusion financière. Pour les Palaos, le PSC représentait un pas vers une plus grande liberté économique sans dépendre d’une banque centrale (contrairement aux Monnaies numériques de banques centrales, MNBC).

Les cryptomonnaies, la solution pour une économie libre ?

La question a le mérite d’être posée et ça sera là d’ailleurs le mot de la fin. La stabilité financière est la clé de la prospérité économique. Pour les îles comme les Palaos, l’accès à des solutions financières modernes et stables reste essentiel.

Les stablecoins peuvent apporter cette stabilité, permettant aux habitants de gérer leurs finances plus efficacement, de réduire les coûts de transfert de fonds, de change et d’accéder à des services financiers modernes.

L’inclusion économique est tout aussi importante. En facilitant l’accès aux services financiers pour les populations non bancarisées, les stablecoins peuvent ouvrir de nouvelles opportunités économiques. Le projet PSC, bien que court, a montré l’importance d’explorer de nouvelles avenues pour la croissance économique.

L’expérience du Palau Stablecoin, dans toute sa brièveté, nous enseigne quelques leçons. Elle a souligné les opportunités des innovations financières dans les petites nations insulaires et mets en avant les défis. Des défis qui continuent d’être relevés dans d’autres îles.

Et justement, en parlant d’avenir et d’innovations financières, il est pertinent de mentionner le récent partenariat entre Lyzi et DinoVox. Lyzi est une application qui propose des solutions de paiement crypto optimisées, intégrant des commerçants variés, allant des boulangeries aux bijouteries. Dans cette dynamique, DinoVox, projet Web3 et premier métavers social, touristique, de loisir et d’affaires de Polynésie Française accompagnera les commerçants polynésiens à s’intégrer à la plateforme. Un petit pas pour la blockchain, un grand pas pour nos belles îles.