Bitcoin : Le Salavador veut faire le ménage dans les acteurs de l'économie crypto du pays

C’est le média local El Mundo qui rapporte en effet que seulement 11% des professionnels enregistrés auprès de l’institution bancaire nationale respectent les exigences en matière de conformité. Le pays de Nayib Bukele a voté la Bitcoin Law le 8 juin 2021 et depuis, de nombreux opérateurs n’ont pas fait les efforts nécessaires pour répondre aux critères établis par cette directive, ils sont donc classés comme « non opérationnels ». 

La loi Bitcoin oblige les professionnels à se conformer à diverses obligations

Parmi les devoirs qui incombent aux professionnels du secteur, voici les principaux que met en avant la Banque centrale du pays :

• maintenir un programme de lutte contre le blanchiment d’argent
• maintenir des enregistrements qui reflètent fidèlement les actifs et les passifs (clients et fournisseurs)
• avoir un programme de cybersécurité adapté à la nature des services offerts

À partir de ces exigences, les équipes de l’institution ont récemment déterminé que 161 fournisseurs de service sur 181 enregistrés étaient « non opérationnels », car ne respectant pas au moins un des trois critères. Cela fait tout de même 89% du total et parmi les bons élèves, on compte le portefeuille national – largement décrié – Chivo mais aussi les sociétés Crypto Trading & Investment et Fintech Americas. 

Il y a donc du travail à faire pour que l’industrie nationale se mette aux normes internationales et puissent rejoindre l’économie Bitcoin souhaitée par le président Bukele.

Le Salvador est en effet engagé dans une mutation profonde de son économie qui a pour but de profiter de cette nouvelle technologie financière pour sortir le pays de l’ornière économique dans laquelle il se trouve depuis trop longtemps. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour et le petit pays d’Amérique Centrale a toujours besoin de l’aide des instances financières mondiales comme le Fonds Monétaire International. 

Le Salvador est toujours engagé dans une partie de poker menteur avec le FMI

Récemment, les représentants de l’organisation ont rendu visite au Président Bukele et ses émissaires sont venu avec des bonnes nouvelles, mais aussi avec des exigences : oui au crédit d’1,4 milliard de dollars, mais à condition que le pays abandonne une partie de ces projets Bitcoin.

Officiellement, le Salvador a donc lâché sur le paiement des taxes et impôts qui ne pourront donc plus être payés en BTC et les institutions publiques limiteront également leur utilisation de la première crypto du marché. 

Mais concernant les achats de Bitcoin pour le compte de la réserve nationale que le pays constitue méticuleusement depuis des années, les choses sont plus confuses. Le 3 mars dernier, le FMI a demandé expressément au pays de ne plus acquérir de bitcoins, mais le Président n’a pas écouté et il en a acheté dès le lendemain ! Cet affront politique sera-t-il suivi de conséquences ? À ce jour, aucune information n’est venue de New York et Kristalina Georgieva, la Présidente du FMI, est restée silencieuse sur le sujet. 

Quel personnage que ce Nayib Bukele ! Détesté dans les chancelleries occidentales parce qu’un peu trop autoritaire, il est surtout complètement hors cadre et ne ressemble pas du tout au prototype du personnel politique des pays du G7, formé dans les grandes écoles et biberonné aux institutions internationales. Sa population l’aime essentiellement pour le travail qu’il a accompli au niveau sécuritaire et même le nouveau Président américain a voulu le recevoir à la Maison-Blanche pour en parler. Celui qui s’est lui-même surnommé le « dictateur le plus cool du monde », continue à réformer son pays, envers et contre tous, et même si tout est loin d’être parfait, les progrès sont réels.