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Retour 23 décembre 2024

Bitcoin et réserve nationale : le tour du monde en 80 secondes

Le Bitcoin, souvent comparé à l’or numérique, suscite un intérêt croissant parmi les nations. Entre souveraineté économique, défis politiques et ambitions géopolitiques, notre voyage explore les multiples facettes de l'idée d'une réserve nationale stratégique en Bitcoin. Au fil de notre périple cependant nous comprendrons que posséder du Bitcoin n’est que le début d'une réflexion plus vaste.

Actualités Cosmic Graou

Certains hommes, comme Phileas Fogg, font le pari de faire le tour du monde en 80 jours. D’autres, comme vous, vont le faire en 80 secondes grâce à une nouvelle course. En effet, alors que le cours du Bitcoin vole presque au-dessus d’un nid à 100 000 dollars, nombreux sont les hommes d’état qui se réveillent et qui, parfois soudainement, semblent épris pour la reine des cryptomonnaies.

Aussi, les ulra-riches institutionnels comme MicroStrategy et les États ont eux aussi su se faire prétendants au token roi. Certains sont même sur les starting-blocks. Les nations se sont aventurées dans une course effrénée pour redéfinir leurs stratégies économiques.

Mais, le Bitcoin leur ouvrira-t-il les frontières de la finance ? L’idée d’une réserve stratégique en BTC semble en tout cas pousser comme un petit champignon à travers le monde. Tour du monde des différentes idées qui émergent. En voyage.

Qu’est-ce qu’une réserve stratégique nationale ?

Avant de nous aventurer dans les méandres des ambitions crypto mondiales, il est essentiel de définir ce qu’est une réserve stratégique nationale pour partir bien préparés. 

Selon la Banque de France, il s’agit des actifs qu’un État conserve pour protéger son économie contre des chocs externes, tels que des crises financières, des perturbations de l’approvisionnement ou des tensions géopolitiques.

Ces réserves comprennent généralement des devises étrangères, des métaux précieux comme l’or, ou encore des ressources stratégiques telles que le pétrole ou le gaz. L’objectif est de préserver la stabilité économique et de garantir de la résilience face à l’imprévu. Par exemple, la Banque de France conserve des réserves d’or françaises, qui sont les cinquièmes du monde.

Et le Bitcoin, là-dedans ? On le compare souvent à l’or numérique, non sans raison. Sa quantité limitée (21 millions d’unités, pas une de plus), son caractère décentralisé et sa résistance à la censure lui confèrent un attrait certain pour les États en quête d’indépendance financière.

Mais est-il prêt à prendre le relais de l’or et devenir ce port sûr que les nations recherchent ? Voilà tout l’enjeu de notre voyage.

Aux États-Unis : deux salles, deux ambiances

Notre périple commence à Washington, où l’effervescence autour du Bitcoin en cette fin 2024 rappelle la ruée vers l’or du XIXᵉ siècle.

Les États-Unis à la conquête du BTC

Réélu, Donald Trump semble déterminé à inscrire son nom dans l’histoire des cryptomonnaies. Sa promesse ? Faire de bitcoin un pilier de la souveraineté américaine. Proposer une réserve nationale de Bitcoin est pour lui un acte de défiance envers l’ordre financier international. Soit. 

Cette ambition trouve des échos favorables au sein du Congrès. La sénatrice républicaine Cynthia Lummis, fervente défenseure des cryptomonnaies, a ainsi présenté le « BITCOIN Act 2024″. Ce projet de loi vise à acquérir un million de bitcoins sur cinq ans (soit 200 000 BTC par an pendant 5 ans) avec l’objectif de réduire la dette nationale et de renforcer la position économique des États-Unis.

Par ailleurs, plusieurs États américains manifestent un intérêt croissant pour le Bitcoin. Le Texas, par exemple, envisage la création d’une réserve stratégique en Bitcoin à un niveau fédéral. La Pennsylvanie a également fait connaître ses ambitions en la matière.

Cette ferveur dépasse les frontières américaines et nous emmène même au Canada ! À Vancouver, le maire Ken Sim propose, via un avis de motion, que la ville adopte le Bitcoin comme actif de réserve.

Un voyage en eaux troubles

Cependant, dans le pays des possibilités infinies, il y a toujours un revers à la médaille. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed), a ainsi rappelé lors d’une conférence de presse le 18 décembre 2024 que la Fed n’a ni l’autorisation légale ni l’intention de détenir du Bitcoin dans ses réserves.

Cette déclaration jette un froid sur les ambitions présidentielles, soulevant des doutes quant à la faisabilité de ce projet : les cryptomonnaies y ont trouvé un prétexte pour corriger.

Il est également important de noter que Donald Trump n’a pas toujours été un partisan des cryptomonnaies. En 2019, il les qualifiait même de « valeur basée sur du vent ». Le revirement opéré en 2024 semble davantage motivé par des considérations politiques et économiques que par une conviction profonde. Sa collection de NFT l’an dernier lui a permis de gagner plusieurs millions de dollars. Dans la même veine plus récemment, le lancement de la société « World Liberty Financial » suscite autant d’espoir que de controverse, certains y voyant une manœuvre opportuniste. 

Pas de BTC, pas de réserve ?

Comprenons bien que la question d’une réserve nationale en Bitcoin aux USA se pose car ils ont déjà… du BTC. En effet, la saisie de Bitcoins issus d’activités illicites place les gouvernements devant des choix stratégiques quant à leur gestion. Les États-Unis et l’Allemagne en sont deux exemples.

Les autorités américaines ont saisi des quantités de BTC, notamment dans le cadre de l’affaire Silk Road. En novembre 2021, environ 50 676 BTC, d’une valeur de 3,36 milliards de dollars à l’époque, ont été récupérés auprès de James Zhong, impliqué dans cette plateforme illicite.

Ces actifs sont généralement liquidés aux enchères publiques, permettant au gouvernement de récupérer des fonds tout en évitant les risques associés à la volatilité des cryptomonnaies.

L’Allemagne a adopté une approche différente. En janvier 2024, les autorités saxonnes ont saisi environ 50 000 BTC, évalués à plus de 2 milliards de dollars, provenant de l’ancien site de piratage Movie2k.

Ces bitcoins ont été vendus rapidement, ce qui, selon certaines analyses, a entraîné une perte potentielle de 1,6 milliard de dollars en plus-values latente pour l’État allemand.

La possession de Bitcoins saisis confronte les États à des dilemmes stratégiques. La volatilité du marché des cryptomonnaies complique les décisions de conservation ou de liquidation de ces actifs. Les choix effectués par les gouvernements peu éduqués en la matière, qu’ils soient prudents ou précipités, peuvent avoir des répercussions financières et influencer les débats sur l’intégration des cryptomonnaies dans les réserves nationales.

L’Europe : le calcul de la prudence

Alors que l’Amérique s’aventure en terrain financier inconnu, l’Europe préfère avancer avec la précision d’un horloger.

Le règlement MiCA, boussole législative

Avec le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), l’Union européenne s’efforce de réguler les cryptomonnaies avec une minutie exemplaire. L’objectif est notamment d’encadrer les stablecoins et de poser les bases d’un marché sécurisé.

Bien que le Bitcoin fasse partie de l’équation, il n’est qu’un élément d’un puzzle bien plus complexe. La notion de réserve stratégique en Bitcoin n’est pas explicitement abordée dans ce cadre législatif que nous développons par ailleurs dans cet article.

Sarah Knafo, le Bitcoin comme planche de salut

Toutefois, récemment, une voix s’est fait entendre. Au Parlement européen, Sarah Knafo, députée française du parti Reconquête et vice-présidente du groupe L’Europe des Nations Souveraines, a fait parler d’elle dans l’écosystème crypto.

A l’occasion d’un discours prononcé le 16 décembre 2024, elle a critiqué le projet d’euro numérique de la Banque centrale européenne (BCE) et a plaidé pour la création d’une réserve stratégique en Bitcoin au sein de l’Union européenne. Discours repris et partagé par de nombreux ténors de la finance dont Michael Saylor, grand acheteur de Bitcoin, ou encore Nayib Bukele, président pro Bitcoin du Salvador.

Notons que cette proposition a provoqué des réactions contrastées. Certains la considèrent visionnaire, estimant qu’elle pourrait renforcer la souveraineté économique de l’Europe face aux monnaies dominantes comme le dollar et le yuan. D’autres la jugent déconnectée des réalités économiques et politiques actuelles, soulignant les risques associés à la volatilité du Bitcoin et les défis réglementaires que cela impliquerait. D’autres encore soulignent son appartenance politique et son ignorance de l’écosystème. Certains enfin, crient à la récupération politique. Bref, à l’ouest rien de nouveau. Mais … qu’en est-il à l’est ? Reprenons notre chemin.

L’Europe de l’Est : le Bitcoin pour souveraineté

Dans certaines régions d’Europe de l’Est, le Bitcoin est perçu non seulement comme une opportunité financière, mais aussi comme un outil potentiel de souveraineté. En Pologne, Sławomir Mentzen, candidat à l’élection présidentielle de 2025 et président du parti Nouvelle Espérance, a exprimé son intention de créer une réserve nationale de Bitcoin s’il est élu.

Mentzen, connu pour ses positions libertariennes, propose de faire de la Pologne un hub européen des cryptomonnaies, avec des réglementations favorables et des incitations fiscales pour attirer les investisseurs et les innovateurs dans le domaine des actifs numériques. Cependant, cette approche suscite des débats. Les critiques soulignent que les idéaux libertariens peuvent se heurter aux réalités économiques et aux infrastructures financières existantes, rendant la mise en œuvre de telles politiques complexe.

Le Bitcoin et l’extrême droite : une appropriation politique ?

Il est notable que ces figures politiques, toutes associées à des mouvements d’extrême droite en Europe, s’emparent du Bitcoin comme symbole de souveraineté et de liberté économique. Cette appropriation soulève des questions sur les motivations sous-jacentes et les implications potentielles, mais ce n’est pas là le débat du jour. Cependant, quelques éléments méritent d’être soulignés. Comme l’aurait dit Pierre Desproges, « Peut-on parler de Bitcoin avec n’importe qui ? »

D’une part, le Bitcoin, en tant que monnaie décentralisée, incarne une forme de résistance aux structures financières traditionnelles et peut-être perçu comme un outil d’émancipation économique. D’autre part, son adoption par des mouvements politiques extrêmes peut être interprétée comme une tentative de contourner les mécanismes de régulation étatiques et politiques.

Enfin, il est essentiel de distinguer l’outil technologique qu’est le Bitcoin des idéologies politiques qui cherchent à l’exploiter. L’usage du Bitcoin par des figures d’extrême droite ne doit pas discréditer la technologie elle-même. Se questionner sur les intentions et les conséquences de son instrumentalisation politique est toutefois pertinente. Et, justement, peut-être que notre prochaine escale nous offrira quelques bribes de réponses. 

L’Asie, le paradoxe Bitcoin

Nous arrivons en Asie, vaste continent aux multiples crypto paysages, qui offre un panorama contrasté quant à l’adoption du Bitcoin et à l’idée d’en faire une réserve stratégique nationale.

Chine et Japon : le yin et le yang du Bitcoin

En Chine, le Bitcoin a été officiellement banni des transactions et du minage en 2021, marquant une rupture apparente avec le marché des cryptomonnaies et provoquant à l’époque un crash du prix du bitcoin.

Pourtant, les rumeurs selon lesquelles le pays pourrait accumuler discrètement du Bitcoin en tant que réserve stratégique ont été ravivées au mois de décembre. Lors d’une conférence récente, Changpeng Zhao (CZ), ancien PDG de Binance, a déclaré que l’accumulation de Bitcoin par la Chine était « inévitable », surtout face à la montée en puissance des initiatives similaires aux États-Unis et ailleurs.

Le Japon, de son côté, adopte une approche diamétralement opposée. Enclins à la régulation, les décideurs nippons examinent l’idée de constituer une réserve stratégique en Bitcoin, mais sous des conditions strictes. L’objectif ? Répondre aux pressions économiques tout en conservant un cadre réglementaire rigoureux, comme nous l’expliquons en détail dans cet article.

Singapour : laboratoire crypto et miroir de la Chine

À Singapour, le Bitcoin n’a pas encore le statut de réserve nationale, mais la cité-État s’impose comme un modèle en matière d’innovation et de régulation des crypto-actifs. Grâce à des cadres réglementaires bien définis et un environnement fiscal attractif, Singapour est devenu un hub régional pour les entreprises et les investisseurs crypto. En bref, pas de réserve bitcoin en vue, mais le pays est tout de même accueillant. Nous décidons de nous y attarder.

Politiquement, la position de Singapour est subtile. Bien qu’indépendant, le pays maintient une relation complexe avec la Chine, oscillant entre coopération et différenciation. Singapour est souvent perçu comme un terrain d’expérimentation indirect pour Pékin, qui observe les résultats des politiques crypto singapouriennes sans prendre de risque immédiat sur son propre territoire. 

Singapour, en revanche, tire profit de sa posture indépendante, attirant les talents et les capitaux chinois tout en conservant une certaine neutralité sur la scène géopolitique. Cette relation asymétrique confère à Singapour un rôle neutre : celui d’un laboratoire crypto à ciel ouvert.

Bitcoin en Corée du Sud : de quoi perdre le nord

Ce qui frappe en arrivant en Corée du Sud c’est la forte adoption crypto parmi sa population. On remarque très vite cependant, que le pays reste prudent quant à l’idée d’une réserve stratégique en Bitcoin.

En effet, selon Kim Byung-hwan, président de la Commission des services financiers (FSC), le gouvernement préfère observer les tendances mondiales avant de s’engager dans une telle initiative. Une approche plutôt pragmatique en apparence.

À quelques kilomètres au nord de la frontière, la Corée du Nord adopte une posture diamétralement opposée, mais non moins stratégique. Le régime de Pyongyang n’investit pas officiellement dans le Bitcoin, mais exploite les cryptomonnaies à travers des activités cybercriminelles.

Le tristement célèbre groupe de hackers Lazarus, affilié au régime nord-coréen, est responsable d’une grande partie des cyberattaques visant les plateformes d’échange de cryptomonnaies. En 2024, ce groupe a volé environ 1,34 milliard de dollars en actifs numériques, représentant 61 % des vols mondiaux dans le secteur. Ces fonds sont utilisés pour contourner les sanctions internationales et financer des programmes d’armement, notamment dans les domaines balistique et nucléaire.

Bhoutan : le royaume caché du Bitcoin

Le Bhoutan, petit royaume niché au cœur de l’Himalaya, a discrètement accumulé une réserve de Bitcoin, estimée à environ 13 000 BTC, soit près de 750 millions de dollars. Un petit trésor permis grâce à l’exploitation de ses abondantes ressources hydroélectriques, fournissant une énergie propre et bon marché pour le minage de bitcoin.

Notons cependant que le gouvernement n’a pas officiellement déclaré ces avoirs comme une réserve stratégique, cette accumulation témoigne plutôt d’une volonté de diversification économique. Cependant, avec ses 13 000 BTC, le petit pays prend place dans le classement des plus grands détenteurs de BTC. 

Cover un bitcoin devant le japon près à constituer une réserve

L’Afrique : entre promesses et défis, un continent en observation

Après un détour par les montagnes himalayennes, il est temps de survoler les vastes plaines de l’Afrique, où le Bitcoin joue un rôle tout autre. Ici, l’or numérique n’est pas encore envisagé comme une réserve stratégique nationale, mais il se distingue par son adoption populaire croissante, notamment dans des économies fragiles. Pourquoi alors l’idée d’une réserve en Bitcoin reste-t-elle encore un concept étranger aux gouvernements africains ?

Une priorité aux besoins fondamentaux

Les réserves stratégiques nationales, qu’il s’agisse d’or ou de devises, exigent des ressources financières importantes pour leur constitution.

Dans un continent où de nombreux pays luttent encore contre des défis économiques structurels – dette publique élevée, inflation galopante, débancarisation massive, ou infrastructures sous-développées – allouer des fonds à l’achat de Bitcoin peut sembler irréaliste, voire secondaire.

Un outil d’émancipation, mais pas encore étatique

Paradoxalement, c’est dans l’usage individuel que le Bitcoin a trouvé sa place en Afrique. Les transferts de fonds, souvent onéreux via les circuits traditionnels, sont facilités par les cryptomonnaies. Au Nigeria, par exemple, où l’inflation atteint des sommets, le Bitcoin est un refuge pour des milliers de citoyens. Cependant, cette adoption à l’échelle populaire n’a pas encore convaincu les gouvernements de l’intégrer dans une stratégie macroéconomique

Salvador et Russie : les destinations finales

Le Salvador : entre ambition et ajustement

En septembre 2021, le Salvador a fait sensation en devenant le premier pays à adopter le Bitcoin comme monnaie légale, accumulant progressivement une réserve nationale. Cette initiative visait à stimuler l’économie et à attirer les investissements étrangers.

Cependant, en décembre 2024, sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI), le gouvernement salvadorien a accepté de modifier sa politique Bitcoin pour obtenir un prêt de 1,3 milliard de dollars. Les réformes incluent la réduction de l’obligation pour les entreprises d’accepter le Bitcoin et la limitation de l’implication de l’État dans les activités liées aux cryptomonnaies.

Malgré ces ajustements, le président Nayib Bukele maintient son engagement envers le Bitcoin. Le 19 décembre 2024, le Salvador a ainsi acquis 11 Bitcoins supplémentaires, portant ses réserves à environ 5 980 BTC, soit une valeur estimée à 598 millions de dollars.

La Russie : une réflexion stratégique en cours

Face aux sanctions économiques occidentales, la Russie explore des alternatives pour renforcer sa souveraineté financière. En décembre 2024, Anton Tkachev, député à la Douma d’État, a proposé la création d’une réserve stratégique de Bitcoin. Cette initiative vise à diversifier les réserves nationales et à réduire la dépendance aux devises traditionnelles, vulnérables aux sanctions et à l’inflation.

Le président Vladimir Poutine a exprimé des réserves quant à la détention de devises étrangères, soulignant leur susceptibilité à être gelées pour des raisons politiques. Il a évoqué le Bitcoin comme une alternative potentielle, mettant en avant sa résistance aux restrictions extérieures.

Bitcoin, nouvelle réserve stratégique pour la Russie ?

Le Pacifique : entre pragmatisme australien et curiosités insulaires

Le vaste Pacifique, région d’îles éparpillées et d’innovations émergentes, offre une perspective unique sur l’adoption des cryptomonnaies. Tandis que l’Australie met en place une régulation proactive, les économies insulaires naviguent prudemment entre ambitions numériques et défis structurels.

Australie : un pragmatisme bien ancré

L’Australie se distingue par sa régulation rigoureuse et son approche proactive envers les cryptomonnaies. Loin des débats sur la constitution d’une réserve stratégique de Bitcoin, le pays préfère axer ses efforts sur l’intégration des actifs numériques dans son système financier.

En 2024, le gouvernement a introduit une série de réformes pour encadrer les plateformes d’échange et renforcer la transparence dans le secteur des cryptomonnaies. Cette démarche vise à protéger les investisseurs tout en soutenant l’innovation. Des initiatives telles que le projet pilote « Digital Australian Dollar » témoignent de la volonté de l’Australie de rester compétitive dans l’économie numérique mondiale, sans pour autant faire de Bitcoin un actif central de ses réserves nationales. 

Économies insulaires du Pacifique : entre expérimentation et vigilance

Les petites nations insulaires, comme les Palaos ou les Fidji, explorent les opportunités offertes par les cryptomonnaies et la blockchain. Ces innovations sont souvent perçues comme une réponse aux défis structurels : accès limité aux services bancaires, dépendance aux envois de fonds et exposition aux fluctuations des devises étrangères.

Les Palaos, par exemple, ont collaboré avec des entreprises de blockchain pour créer un stablecoin adossé au dollar américain. Cette initiative vise à offrir une alternative financière inclusive tout en maintenant une certaine stabilité économique.

Le FMI veille au grain 

Dans son rapport intitulé « Rise of Digital Money: Implications for Pacific Island Countries», le Fonds monétaire international analyse l’impact croissant des cryptomonnaies et des monnaies numériques sur les petites économies insulaires. Selon le FMI, ces actifs numériques présentent des opportunités intéressantes pour surmonter certains défis structurels tels que :

  • l’accès limité aux services bancaires,
  • la dépendance aux envois de fonds,
  • l’intégration dans l’économie mondiale. 

Cependant, l’institution avertit également que l’adoption prématurée des cryptomonnaies, sans cadre réglementaire solide, pourrait aggraver la vulnérabilité économique de ces pays, toujours d’après le FMI.

Malgré ces initiatives, la question d’une réserve stratégique en Bitcoin reste hors de portée pour la plupart des nations du Pacifique. Les priorités actuelles sont axées sur la stabilité économique et le développement des infrastructures.

Une réserve nationale en Bitcoin : l’utopie et ses limites

En arpentant les continents, nous avons découvert les multiples facettes d’un monde qui hésite encore sur la place du Bitcoin dans l’échiquier économique global. De Washington à Séoul, des montagnes du Bhoutan aux plages des Palaos, la reine des cryptomonnaies inspire autant qu’elle divise. Mais au-delà des promesses et des spéculations, une question demeure : le Bitcoin est-il vraiment taillé pour devenir une pierre angulaire des réserves stratégiques nationales ?

Le BTC séduit par sa rareté, sa décentralisation et sa résistance à la censure. Il promet de la souveraineté financière dans un monde dominé par des devises centralisées. Mais chaque pièce a son revers. Sa volatilité effraie, son adoption reste complexe, et ses motivations politiques varient souvent selon les agendas des régimes qui s’en emparent. Dans les mains de certains, il devient un outil de contournement des sanctions internationales ou un symbole de défiance. Dans d’autres, il est perçu comme une opportunité d’innovation ou une planche de salut face à l’inflation.

Une réserve nationale en Bitcoin, bien que séduisante sur le papier, reste une entreprise hérissée d’obstacles. Juridiques, économiques, logistiques : les défis sont nombreux. Mais ce n’est pas seulement une question de faisabilité. Derrière chaque décision de constituer une réserve se cachent des valeurs, des visions du monde et des ambitions politiques. Certains y voient un moyen de s’affranchir des tutelles internationales, d’autres un instrument de pouvoir ou un pari audacieux sur l’avenir. La vérité, comme souvent, se situe surement quelque part entre les deux.

Ce tour du monde nous rappelle donc que le Bitcoin, malgré son universalité théorique, s’adapte mal à une approche… universelle. Chaque pays le façonne à son image, selon ses besoins, ses craintes et ses ambitions. Et comme tout bon voyage, celui-ci ne se termine pas avec des réponses, mais avec de nouvelles questions, qui nous mènerons surement vers d’autres horizons.

Le Bitcoin est-il un outil de libération ou de contrôle ? Une révolution ou une illusion ? Quoi qu’il en soit, il s’est imposé dans le langage des nations, et il appartiendra à l’histoire de trancher. En attendant, continuons-nous notre chemin.

Cosmic Graou

Co-fondatrice de Blockchain Addict et directrice de publication de DinoVox, je partage ici mes articles et ceux de notre équipe. Passionnée par l’univers crypto, j’interviewe régulièrement des acteurs du secteur à voir aussi bien sur notre chaîne YouTube que sur Tahiti Crypto .

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