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Retour 20 mai 2025

Sécurité et cryptomonnaies : La régulation est-elle la meilleure ennemie de vos cryptos ?

Entre lois françaises, directives européennes et RGPD, les détenteurs de cryptomonnaies font face à un mille-feuille réglementaire complexe. Confidentialité, sécurité et souveraineté numérique : Nicolas Bacca, cofondateur de Ledger, décrypte les vrais enjeux avec Blockchain Addict.

Actualités Cosmic Graou

Ces derniers mois, l’écosystème crypto fait face à une recrudescence d’attaques. Phishing, vols de clés privées, ransomwares, compromissions physiques ou numériques : les menaces se multiplient. Face à cela, la sécurité des portefeuilles et des données personnelles est devenue un enjeu central, et non plus une simple option pour les investisseurs crypto.

Dans cette interview exclusive réalisée par Blockchain Addict, Nicolas Bacca, cofondateur de Ledger, partage son expertise et ses conseils pratiques pour comprendre les risques et apprendre à s’en prémunir. De son intervention dans l’affaire de l’enlèvement de David Balland, aux impératifs à respecter pour avoir une hygiène numérique irréprochable : tous les pans de la problématique sécuritaire sont abordés. Mais avant de revenir sur ses recommandations, il est important de comprendre pourquoi cette problématique est plus urgente que jamais.

Cryptomonnaies et sécurité : l'enjeu de l'année 2025 ?

Un contexte alarmant : la montée des agressions liées aux cryptomonnaies en France

Depuis le début de l’année 2025, la France métropolitaine est confrontée à une série d’agressions violentes ciblant des personnalités qui travaillent ou entreprennent dans le secteur des cryptomonnaies. Parmi les incidents les plus marquants :

  • David Balland, cofondateur de Ledger, a été enlevé avec sa compagne en janvier. Les ravisseurs ont exigé une rançon de 10 millions d’euros et ont mutilé M. Balland en lui sectionnant un doigt pour faire pression sur ses proches dont Eric Larchevêque.
  • En mai, le père d’un entrepreneur en cryptomonnaies a été kidnappé à Paris, séquestré pendant deux jours et mutilé, avec une demande de rançon de plusieurs millions d’euros.
  • Plus récemment, une tentative d’enlèvement a visé la fille et le petit-fils du PDG d’un exchange français en plein Paris. Grâce à l’intervention du père et de passants, le rapt a été évité.

Comprenons bien toutefois les enjeux. Si l’on écarte la problématique parfois injustifiée d’une richesse ostentatoire trop affichée, le problème est plus complexe que ce que l’on veut nous faire croire. Le traitement des médias mainstream contribue à entretenir le mythe du « crypto bro » riche, en mettant en avant des histoires de fortunes rapides et extravagantes. Cette représentation médiatique attire l’attention des criminels, qui voient dans les détenteurs de cryptomonnaies des cibles potentielles pour des enlèvements ou des extorsions. Ainsi, la perception publique, alimentée par les médias, peut involontairement accroître les risques pour les individus impliqués dans la crypto.

Ensuite, il est également important de souligner que l’écosystème des cryptomonnaies, encore jeune, n’a pas encore atteint le niveau de maturité en matière de sécurité que l’on observe dans d’autres secteurs comme le secteur bancaire traditionnel ou encore celui des diamantaires.

Enfin, en France, comme ailleurs dans l’Union européenne, les autorités imposent désormais aux exchanges, brokers et autres intermédiaires de collecter un grand nombre de données personnelles sur leurs utilisateurs : identité, justificatifs, historique de transactions, voire adresses de retrait. Cette exigence vise à lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme, mais elle pose aussi une question de fond : Que devient la promesse d’autonomie et de confidentialité de la crypto ? Que devient également la promesse de protection de la vie privée prônée par la réglementation européenne ?

 

La régulation, un talon d’Achille pour votre sécurité ?

Dans le secteur crypto, la régulation est devenue un véritable labyrinthe où se croisent des législations nationales et européennes, parfois en contradiction. Comme le disait si bien Egon dans SOS Fantômes : « Il ne faut jamais croiser les flux ».

Pourtant, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui entre les régulations françaises, européennes et le RGPD. Un petit panorama s’impose.

À gauche, nous avons la France et sa régulation. La France a mis en place un cadre strict pour encadrer les activités liées aux crypto-actifs :

  • PSAN (Prestataires de Services sur Actifs Numériques) : Depuis 2019, les acteurs du secteur doivent s’enregistrer auprès de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) pour exercer légalement. Ce régime a été renforcé en 2024, imposant des obligations accrues en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
  • Loi contre le narcotrafic : Adoptée en avril 2025, cette loi vise à lutter contre le trafic de stupéfiants en renforçant les mécanismes de lutte contre la criminalité organisée. Elle introduit notamment une présomption de blanchiment pour toute opération réalisée au moyen d’un cryptoactif intégrant une fonction d’anonymisation ou via l’utilisation de techniques permettant d’opacifier les transactions.

À droite, nous avons l’Europe et ses directives. Au niveau européen, plusieurs régulations viennent encadrer les crypto-actifs :

  • MiCA (Markets in Crypto-Assets) : Ce règlement, applicable à partir de décembre 2024, vise à instaurer un cadre harmonisé pour les crypto-actifs au sein de l’Union européenne. Il impose des obligations en matière de transparence, de protection des consommateurs et de supervision des acteurs du marché.

  • AMLD (Anti-Money Laundering Directives) : Les directives anti-blanchiment, notamment la 5e (AMLD5) et la 6e (AMLD6), imposent des obligations strictes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, notamment la collecte d’informations sur les clients et la surveillance des transactions suspectes.

Au centre, nous avons les normes RGPD, garant de la protection des données. Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), en vigueur depuis 2018, vise à protéger les données personnelles des citoyens européens. Il impose des obligations aux entreprises en matière de collecte, de traitement et de stockage des données, et confère aux individus des droits tels que le droit à l’oubli ou le droit à la portabilité des données.

Une recette parfaite pour un mille-feuille réglementaire qui met au centre de la table la protection de toutes nos données ( adresses physiques et numériques, mot de passe etc … ). En effet, la coexistence de ces différentes régulations crée des tensions et des contradictions :

  • Collecte de données vs. protection de la vie privée : Les obligations de collecte de données imposées par les régulations françaises et européennes peuvent entrer en conflit avec les principes du RGPD, notamment le principe de minimisation des données.

  • Transparence vs. anonymat : Les exigences de transparence des transactions peuvent compromettre l’anonymat des utilisateurs, pourtant protégé par le RGPD.

  • Responsabilités partagées : La multiplicité des régulations rend difficile l’identification des responsabilités en cas de non-conformité ou de violation des droits des utilisateurs.

De fait donc, la recrudescence des attaques ciblant les acteurs crypto en France et la vulnérabilité de nos données sur internet soulignent la nécessité d’adopter des mesures de sécurité renforcées. Il est impératif pour les investisseurs, entrepreneurs et utilisateurs de cryptomonnaies de se former aux bonnes pratiques et de rester informés des menaces potentielles. Et qui de mieux que Nicolas Bacca, cofondateur de Ledger, vétéran de la crypto en France pour nous faire une petite piqure de rappel ?

Cryptomonnaies et sécurité : Les essentiels pour se protéger

Dans cette interview du média Blockchain Addict, Nicolas Bacca partage son expertise en matière de sécurité crypto. Voici quelques-uns de ses conseils clés :

  • Utiliser un portefeuille matériel (hardware wallet) : Les solutions comme celles proposées par Ledger permettent de stocker les clés privées hors ligne, réduisant ainsi les risques de piratage.

  • Séparer les usages numériques : Il est recommandé d’utiliser des appareils distincts pour les transactions en cryptomonnaies et pour la navigation quotidienne afin de limiter les risques d’infection par des logiciels malveillants.

  • Vigilance face aux tentatives de phishing : Ne jamais divulguer sa phrase de récupération (seed phrase) et se méfier des liens ou fichiers suspects, même s’ils semblent provenir de sources fiables.

  • Surveillance proactive : Rester discrets sur sa détention de cryptomonnaies, mettre en place des alertes pour détecter toute activité inhabituelle sur ses portefeuilles et comptes associés

Nicolas Bacca insiste sur l’importance d’une hygiène numérique rigoureuse et d’une sensibilisation constante aux menaces évolutives dans la crypto.

Si vous souhaitez aller plus loin, comprendre les enjeux de la self-custody, éviter les erreurs classiques, et découvrir comment l’innovation peut servir à renforcer la sécurité des utilisateurs, regardez l’interview complète de Nicolas Bacca au micro de Blockchain Addict.

Cosmic Graou

Co-fondatrice de Blockchain Addict et directrice de publication de DinoVox, je partage ici mes articles et ceux de notre équipe. Passionnée par l’univers crypto, j’interviewe régulièrement des acteurs du secteur à voir aussi bien sur notre chaîne YouTube que sur Tahiti Crypto .

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