La République de Nauru ambitionne de devenir la tour de contrôle crypto du Pacifique
La période actuelle est à l'intégration réglementaire des cryptomonnaies dans les différentes juridictions du monde. Une course à l'innovation numérique déjà envisagée par certains comme hautement concurrentielle, afin d'attirer les acteurs et amateurs de cet écosystème. La République de Nauru l'a très bien compris.
Depuis la mise en place effective du cadre réglementaire Markets in Crypto-Assets (MiCA) dans l’Union européenne, la course aux projets de loi crypto est lancée. Une dynamique récemment enclenchée par les États-Unis, au point d’ébranler les efforts de l’Europe pour figurer comme la première juridiction du genre avec la mise en place d’une concurrence largement présentée comme plus favorable. Mais d’autres pays sont également concernés.
C’est par exemple le cas de la petite République de Nauru, récemment entrée dans la partie avec l’ambition de devenir une zone de confiance réglementaire pour les cryptomonnaies. Un projet dont l’objectif affiché est de s’imposer comme une terre d’accueil dans le Pacifique pour les acteurs de l’écosystème.
Nauru : « le premier pays du Pacifique à réglementer la crypto »
Il y a deux manières très différentes de construire un cadre réglementaire pour le secteur des cryptomonnaies. La première consiste à l’ériger comme une barrière afin de contrôler une innovation jugée à la fois dangereuse et problématique, comme c’est le cas en Europe. L’autre implique un accompagnement plus positif afin de surfer la vague sans toutefois se laisser engloutir, sur le modèle actuel des États-Unis.
Une équation au sein de laquelle une troisième voie semble également possible, face à ces mastodontes territoriaux. C’est en tout cas la certitude récemment exprimée par la République de Nauru dans le cadre de la mise en place d’une autorité locale dédiée aux cryptomonnaies.
Au programme, une Command Ridge Virtual Asset Authority (CRVAA) destinée à accompagner le développement et l’adoption – et surtout l’implantation locale – des acteurs de cette économie numérique. Un message de bienvenue jugé très clair par son tout nouveau responsable, Brian Phelps :
« Nauru est le premier pays du Pacifique à réglementer la crypto. De ce fait, il envoie un message clair au monde entier sur son ouverture aux affaires. » – Brian Phelps

L’ambition de Brian Phelps est très claire. Il souhaite imposer la République du Nauru comme un acteur crypto incontournable dans la zone Pacifique, et au-delà. Et autant dire que cet ancien haut fonctionnaire australien des marchés bancaires et financiers semble connaître le sujet.
Une tour de contrôle crypto au cœur du Pacifique
Le but de la Command Ridge Virtual Asset Authority (CRVAA) de Nauru ne se résume pas à définir une « confiance absolue » avec les acteurs crypto concernés. En effet, sa vision apparaît comme bien plus proactive, face aux évolutions permanentes de cet écosystème, comme par exemple l’essor actuel et sans précédent des stablecoins.
« En plus des plateformes d’échange de cryptomonnaies, il existe une infinité d’autres possibilités que nous pouvons adopter. En particulier faire de Nauru un centre de transferts de fonds afin d’offrir aux travailleurs itinérants du Pacifique un moyen sûr et sécurisé d’envoyer de l’argent chez eux à l’aide de solutions comme les stablecoins. » – Brian Phelps
Une vision également partagée par l’actuel président – et ancien ministre des Finances – David Adeang. Cela afin d’imposer un statut de tour de contrôle crypto à la République de Nauru tout en offrant de meilleures perspectives de vie à sa population locale. Car « en tant que nation vulnérable aux chocs économiques et climatiques qui ne possède pas les mêmes ressources que les grandes nations, nous devons embrasser l’innovation et penser hors des sentiers battus ».
Dans le même temps, David Adeang affirme que cette adoption se fera en toute transparence réglementaire. De ce fait, la République de Nauru vient d’être acceptée au sein du groupe international d’unités de renseignement financier EGMONT, destiné à construire une coopération internationale dans la lutte contre la criminalité financière et le blanchiment d’argent.
Avec sa détermination affichée, la République de Nauru pourrait rapidement s’imposer comme un acteur central de l’adoption des cryptomonnaies dans la zone Pacifique. Une ambition qui « ne se concentre pas uniquement sur le court terme, mais sur les générations futures », à l’aide d’une gestion financière présentée comme saine et responsable. Un beau programme à suivre de près.