Bitcoin : Ces géants qui dominent l'industrie minière du BTC
L'écosystème associé au Bitcoin repose sur plusieurs réalités distinctes. Parmi ces dernières figure son industrie minière, destinée à garantir le bon fonctionnement de son réseau et la production de nouveaux BTC. Une activité au cœur de son principe de décentralisation, implantée aux quatre coins du monde. Avec une part de plus en plus importante d'entreprises américaines cotées en bourse en train de redessiner la dynamique de ce secteur. Mais, dans le même temps, des machines très largement produites en Chine. Et des pools miniers qui restent les leaders. Tour d'horizon de cette industrie en mutation permanente.
Le Bitcoin évolue en fonction des dynamiques qui animent son écosystème. C’est la raison pour laquelle il rencontre actuellement une forte adoption institutionnelle et entrepreneuriale depuis l’approbation de ses ETF au comptant sur le marché boursier américain. Cela même si l’une de ses raisons initiales d’exister consistait à garder ses distances avec une finance mondiale jugée peu fréquentable. Mais les réalités changent lorsque les milliards de dollars s’accumulent. Et avec une capitalisation du BTC désormais positionnée dans le Top 10 des actifs mondiaux actuels, les entreprises crypto s’organisent pour suivre la tendance.
C’est par exemple le cas des géants américains du mining désormais en tête de sa puissance de calcul (hashrate) avec une part de 40 %. Le tout porté par une production de machines largement « made in China » qui interroge, dans le contexte actuel. Sans compter sur les solutions plus communautaires comme le pool de minage Antpool, dont le succès ne cesse d’augmenter. Alors, qui sont ces mastodontes du secteur et quelles sont leurs implications pour le Bitcoin ?
Minage du Bitcoin : une industrie en constante mutation
L’industrie minière du Bitcoin repose sur certaines règles implicites, mais impossibles à ignorer. L’une d’entre elles consiste principalement à évoluer au gré des opportunités énergétiques qui se présentent de par le monde. Avec une capacité à se déplacer pour bénéficier de cet électricité indispensable à son bon fonctionnement.
Toutefois, certaines données géopolitiques liées au caractère polémique du Bitcoin entrent également en ligne de compte. Ce qui vaudra à cette industrie de se voir expulsée de Chine en 2021, alors que le pays rassemblait pas moins de 60 % de cette puissance de calcul dédiée à son réseau.
Une décision qui deviendra rapidement une opportunité à saisir pour les mineurs américains. Et ils ne se sont pas fait prier. Car quelques années plus tard, ce territoire s’impose comme la principale destination liée à cette industrie numérique. Avec une part de marché proche de 40 % en constante augmentation, sous la pression de ses entreprises cotées en bourse.

Une réalité actuellement rattrapée par l’émergence de l’intelligence artificielle (IA). Car ces infrastructures numériques initialement dédiées au Bitcoin attirent désormais les nouvelles technologies en quête de capacité de calcul. Une opportunité qui pourrait permettre d’équilibrer un business model jusque là essentiellement dépendant des capacités haussières du BTC.
Le géant américain Foundry USA impose sa domination
Quoi qu’il en soit, ce sont bien les États-Unis qui dominent actuellement ce marché. En particulier avec l’assistance active du président Donald Trump, bien décidé à soutenir l’implantation nationale de cette industrie pour s’assurer de ne pas la voir retourner en Chine.
Avec comme principal acteur, le pool de minage Foundry USA qui représente à lui seul plus de 30 % de la distribution actuelle de la puissance de calcul mise à disposition du réseau Bitcoin sur l’année écoulée. Ce qui lui permet de s’accaparer l’obtention d’une part très (trop) importante des blocs minés (environ un tiers en moyenne).
Dans les faits, cette structure (pool) créée en 2019 par le Digital Currency Group (également à l’origine de Grayscale) regroupe de nombreux mineurs indépendants. Cela afin de mettre leur puissance de calcul au service d’une entité unique, afin d’optimiser la prise en charge des blocs du réseau Bitcoin. Et c’est de toute évidence une réussite !

De leur côté, les autres entreprises nationales – comme par exemple Marathon Digital (moins de 5 %), Core Scientific ou Riot Platforms – se partagent les 10 % de parts du marché restantes. Avec un modèle de développement axé sur la cotation en bourse qui fait débat.
Antpool : un challenger de premier plan
Et comme une réponse à la répartition actuelle des pouvoirs mondiaux, le second acteur de l’industrie minière du Bitcoin est implanté en Chine. Il s’agit en effet d’un pool de minage nommé Antpool, dont la force de frappe réside depuis 2013 dans son activité inscrite au-delà du seul Bitcoin.
En effet, cette structure communautaire permet d’exposer ses mineurs à plus d’une quinzaine de cryptomonnaies (Bitcoin Cash, Litecoin, Zcoin, Dash et autres) de type Proof of Work (PoW). Avec une part de marché sur le seul réseau Bitcoin qui dépasse les 20 % en moyenne sur l’année écoulée.

Le véritable avantage de ces solutions communautaires réside dans l’atténuation des risques et des coûts opérationnels liés à l’activité de minage en solo. Mais également à la distribution régulière des récompenses perçues du fait de la participation à cette activité mutualisée.
Mais la principale force de frappe de la structure Antpool est sans aucun doute son lien direct à un autre géant du secteur. Il s’agit en effet de la société chinoise Bitmain – à l’origine de son lancement – leader mondial de la conception de circuits intégrés spécifiques à l’extraction de Bitcoin. Même si ces deux entités sont déclarées indépendantes depuis 2021.
Bitmain : un matériel très largement « made in China »
Car une autre donnée essentielle s’impose dans la dynamique minière du Bitcoin. Il s’agit des machines nécessaires (Asics) pour permettre une extraction efficace et rentable des BTC associés à la validation d’un bloc de sa blockchain. Et dans le domaine, la société chinoise Bitmain est le leader incontesté.
À l’origine de ce succès, lancé suite au bullrun de 2013, deux hommes passionnés de cryptomonnaies. L’un deux, Jihan Wu, décide alors que miner du BTC serait plus rentable que de l’acheter. Il confie donc à son partenaire, Micree Zhan, la tâche de concevoir un appareil de minage hautement performant. Quelques mois plus tard, le Antminer S1 verra le jour.
Depuis lors, les machines de cet équipementier numérique s’imposent comme les plus vendues au monde. Avec une part de marché estimée à plus de 74 % en juin de l’année dernière. C’est-à-dire très loin devant la concurrence, comme le Whatsminer de la société MicroBT (18 %) ou le Avalon de la concurrente Canaan.

Trois entreprises qui imposent une forte tonalité « made in China » sur l’industrie minière du Bitcoin et des cryptomonnaies Proof of Work (PoW) en général. Avec de possibles répercussions à envisager, suite à la hausse des frais de douane imposée par les États-Unis, dans le cadre de la politique protectionniste de Donald Trump. Car cela pourrait, par exemple, profiter aux mineurs implantés en Russie.
Le point fort de l’industrie minière du Bitcoin est sa forte capacité d’adaptation, associée à une mobilité en quête d’énergie bon marché. Avec comme cibles privilégiées, les productions excédentaires et/ou renouvelables de certains pays émergents.
La forte prise en main de l’industrie minière du Bitcoin par quelques acteurs à la puissance démesurée pose de nombreuses questions au sujet de la décentralisation effective de son réseau. En effet, ses trois principaux mineurs actuels (Foundry USA, Antpool et ViaBTC) détiennent plus de 65 % de la puissance de calcul disponible. Et c’est très largement la société chinoise Bitmain qui alimente leurs fermes de minage en machines performantes et appropriées. Mais cela n’empêche pas certains mineurs solo de tirer leurs blocs du jeu, avec de belles récompenses à la clé !