Solana : croissance réelle ou blockchain hantée par les bots ?

Solana a atteint son ATH avec 100 millions de portefeuilles actifs.

C’est une très bonne nouvelle pour l’écosystème, qui montre une croissance exceptionnelle durant tout 2024. Mais ce succès est-il bien réel ?

Nouvel ATH de Solana : une croissance inégalée

Au début de l’année 2024, le réseau Solana comptait 509,000 adresses mensuelles actives, d’après la plateforme d’agrégation de données Artemis. La blockchain enregistre donc une hausse de près de 20,000% du nombre de ses utilisateurs pour atteindre un ATH à 100 millions d’adresse actives.

Pour rappel ATH signifie All Time High, le plus haut historique, représente la valeur la plus haute jamais atteinte par un actif. Ici il s’agit d’un record de nombre d’adresses jamais enregistrées.

Incroyable n’est-ce pas ?

Mais que disent les données ?

D’après le fournisseur de données Hello Moon de Solana, plus de 86 millions des adresses ne contiennent aucun SOL, près de 15.5 millions contiennent moins d’un SOL (125.85€ au moment d’écrire ces lignes, soit  environ 15,017.68 XPF) et 1.5 millions d’adresses contiennent moins de 10 SOL (150,176 XPF).

Nous pouvons établir plusieurs scénarios afin d’expliquer ce phénomène.

L’espoir d’un airdrop

Des utilisateurs peuvent avoir créé une ou plusieurs adresses dans l’espoir de récupérer un airdrop, une allocation automatique de cryptomonnaies. 

Dans le cas de Solana, cette hypothèse est peu probable, la blockchain étant dans des phases de développement avancées.

DeFi et jetons créés sur Solana

L’activité DeFi (Finance Décentralisée)

Solana est une blockchain particulière, elle ressemble aux blockchains EVM (Ethereum Virtual Machine – compatible avec le réseau Ethereum) mais ne l’est pas. Elle est cependant fonctionnellement proche. Elle est compatible avec les services DeFi mais au lieu d’utiliser le langage Solidity, elle utilise Rust dans ses smart-contracts.

Il est possible d’utiliser des bridges, des ponts, pour transférer ses actifs depuis et vers les blockchains EVM. 

Il est aussi possible d’échanger des SOL sur des plateformes d’échange centralisées.

Ce sont ces raisons qui mènent Dan Hughes, le fondateur de la plateforme décentralisée Radix DLT, à expliquer le nombre important d’adresses vides :

« Lorsque vous envoyez des fonds à une plateforme centralisée (CEX), vous avez une adresse proxy que la plateforme génère », il ajoute ensuite que certains services DeFi peuvent également utiliser des adresses intermédiaires.

« Vous envoyez vos tokens à cette adresse, et la plateforme les transfère immédiatement vers un portefeuille chaud (ndr: en ligne), en enregistrant à qui appartiennent les tokens en interne. »

La création de jetons

Solana permet la création de jetons liés à son écosystème. Ce sont des jetons similaires aux ERC20 que nous trouvons sur Ethereum (des jetons dits fongibles).

Depuis le 26 Septembre, les données Solscan indiquent que 17,000 nouveaux tokens sont créés quotidiennement sur le réseau. L’augmentation du nombre d’adresses peut être directement lié à ce phénomène.

Des bots pour gonfler les chiffres

On en vient au postulat le plus probable : la participation des bots/robots !

Pratique courante dans le milieu de la blockchain, les robots permettent généralement de gonfler les chiffres. 

Afin d’appuyer cet argument, Dan Hughes poursuit : 

”Il est très facile et peu coûteux sur Solana de faire croire qu’il y a de nombreux utilisateurs actifs alors qu’il n’y en a pas, simplement en transférant constamment des fonds entre de nouvelles adresses ou en effectuant de nombreuses petites interactions avec des services qui utilisent des adresses proxy. “

En effet, le coût de transactions tourne autour de $0.02 tandis que l’on est aux alentours de $3 sur le réseau Ethereum.

Il faut toutefois préciser que les robots, les bots, ne sont pas forcément là pour gonfler les chiffres. Austin Federa, directeur de la stratégie chez Solana, indique :

“les bots paient les frais”.

Bien que ces bot puissent fausser la réalité de l’attraction réelle de la blockchain, ils génèrent quand même des frais de transaction, et même si ces transactions sont exécutées de manière automatique. De cette manière, ils contribuent à l’économie de Solana.

De plus, chez Solana, 50% des frais collectés sont brûlés et permettent de compenser l’inflation.

DYOR, c’est l’or

On ne le répètera jamais assez : Ne jamais tout croire sur parole, il faut DYOR (Do Your Own Research, faire vos propres recherches).

Soyez vigilant et informé avant de tirer des conclusions sur l’état réel d’une blockchain. Familiarisez-vous avec les outils d’agrégation de données, renseignez-vous sur la signification des chiffres et informations partagées. Et si vous ne savez pas où chercher, posez des questions. Les communautés sont là pour ça. Bonne aventure dans le Web 3 !