La Russie veut créer sa propre banque crypto pour renflouer son budget fédéral, mais pas seulement
L'adoption des cryptomonnaies peut prendre de nombreuses formes différentes, dont certaines semblent pour le moins inattendues. C'est par exemple le cas de cette banque crypto que la Russie serait en train d'envisager, en préparant le cadre réglementaire adéquat. Qu'est-ce que cela implique concrètement ?
Comment peut-on reconnaître une accélération évidente dans le domaine de l’adoption du secteur des cryptomonnaies ? Peut-être bien lorsque les pays les plus récalcitrants pour leur offrir un cadre juridique favorable se posent la question d’utiliser certaines de leurs fonctionnalités innovantes. Un tournant récemment emprunté par la Chine vis-à-vis de sa monnaie nationale, face à l’essor annoncé du marché des stablecoins adossés au dollar. Mais ce n’est visiblement pas la seule.
En effet, c’est désormais la Russie qui envisagerait de développer un cadre réglementaire en capacité de permettre la création d’une banque crypto. Le but ? Lutter contre la fraude, tout en renflouant ses caisses fédérales, mais pas uniquement…
La Russie veut créer une banque crypto d’État
Impossible d’ignorer l’étape historique que vient de représenter la récente adoption du cadre réglementaire GENIUS Act aux États-Unis pour le secteur des cryptomonnaies. En particulier car il va permettre de libérer le potentiel des stablecoins adossés au dollar sur son territoire, mais également dans le reste du monde.
Une avancée majeure qui fait déjà trembler des pays comme la Chine, en train de se demander comment développer des stablecoins associés à sa monnaie nationale afin de lutter contre ce nouveau déferlement de dollars annoncé. Dans le même temps, le gouvernement américain prépare d’autres avancées réglementaires majeures qui pourraient inciter des pays comme la Russie à également prendre les devants.
Est-ce la raison pour laquelle un membre de la Chambre de la Fédération de Russie chargée de l’expertise publique des projets de loi, Evgueni Masharov, vient de parler de la possible création d’une banque crypto d’État en Russie ? Pourtant, les opérations en cryptomonnaies sont toujours interdites à la population locale.

« En Fédération de Russie aussi, il faut créer notre propre banque crypto. Cela permettrait de résoudre un certain nombre de problèmes actuels. En particulier, de légaliser les paiements dans l’ombre, qui se comptent en centaines de milliards de roubles, ce qui permettrait d’augmenter les recettes du budget fédéral. » – Evgueni Masharov
Une banque en capacité de soutenir les mineurs du Bitcoin
Ce projet de banque crypto a plusieurs objectifs. Le premier consiste principalement à « fermer un des canaux de financement et de recrutement [des citoyens russes] pour commettre des crimes graves. » En effet, cela permettrait notamment de contrôler les opérations en cryptomonnaies à l’aide d’une institution financière nationale en capacité d’identifier les opérations de blanchiment d’argent.
Mais la création d’une banque crypto pourrait également représenter une avancée majeure dans la prise en compte des mineurs de la blockchain du Bitcoin implantés en Russie. Et pour cause, ils seraient en capacité de vendre leurs BTC minés à l’aide d’une infrastructure officielle, pour le moment inexistante.
Une stratégie largement inspirée de ce qui se passe depuis quelques temps du côté de la Biélorussie. Car Evgueni Masharov ne manque pas de reconnaître comment la législation mise en place « a permis de décriminaliser ce segment du marché financier, tout en apportant des rentrées fiscales au budget et en sortant de l’ombre de nombreux types d’activités ».
Depuis le mois de mai dernier, la Russie autorise les institutions financières à proposer des produits basés sur les cryptomonnaies. Une avancée symbolique qui pourrait apparemment en annoncer d’autres dans un avenir proche, face à une volonté de dédollarisation accélérée au sein du groupement des BRICS. Mais peut-être que commencer par une simple légalisation nationale des cryptomonnaies permettrait déjà de réduire grandement la « criminalité » supposée dans le domaine.