Memecoin de Centrafrique : la crypto polémique ne serait donc pas une arnaque

Mais non, deux jours après les faits, la présidence a confirmé la véracité de ce projet de cryptomonnaie et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’accueil de la cryptosphère fut glacial. Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra et certains de ses lieutenants ont beau multiplier les messages rassurants, le $CAR peine à convaincre et on craint le pire pour les investisseurs de la première heure. On fait le point sur cette affaire sensible. 

Que sait-on du projet de memecoin CAR lancé par la présidence de la Centrafrique ?

La république Centrafricaine, communément appelée la Centrafrique, fait partie des 20 pays les plus pauvres du monde et son président vient donc de lancer une cryptomonnaie pour tenter d’améliorer la situation de ses administrés. Sur le message qu’il a publié pour annoncer le lancement du Central African Republic Meme (CAR), voici ce qu’il a déclaré : 

Le CAR est une expérience conçue pour montrer comment quelque chose d’aussi simple qu’un mème peut unir les gens, soutenir le développement national et placer la République centrafricaine sur la scène mondiale d’une manière unique. (…) En tant que deuxième président au monde à adopter le Bitcoin comme monnaie légale, j’ai toujours reconnu le potentiel de la cryptomonnaie et ses avantages à l’échelle mondiale.

Faustin Archange Touadéra, président de la République centrafricaine – Source : Compte X

Immédiatement, des doutes ont émané de la part de certains observateurs redoutant une arnaque orchestrée par des pirates ayant détourné le compte officiel de la présidence, mais dans une vidéo postée quelques heures plus tard, le Président lui-même met fin aux spéculations. 

Oui le projet est sérieux, oui le CAR est un succès et oui, il s’agit d’un projet à long terme. Fin des débats ? Pas si sûr, car de nombreux points restent flous et nous inquiètent un peu.

Ainsi, la répartition des jetons est plutôt bancale puisque quatre adresses se partagent plus de 75% des tokens selon le spécialiste du secteur Bubblemap. Ensuite, il y a le site officiel du projet qui aurait été créé quelques jours seulement avant le lancement, ce qui est plutôt inhabituel pour une initiative gouvernementale d’ampleur.

La cryptomonnaie et la république de Centrafrique, une longue histoire compliquée

De plus, ce même site fut inaccessible pendant les premières heures du listing avant finalement de revenir en ligne. Idem pour le compte X du $CAR, qui était hors ligne le 10 février, soit le lendemain de l’annonce, avant d’être, lui aussi, réactivé.

Enfin, la presse fait état de nombreuses tentatives de phishing autour du projet, ce qui pourrait confirmer des intentions malveillantes gravitant autour de ce $CAR, ou du moins beaucoup de légèreté dans la gestion des opérations. Ce faisceau d’indices laisse une grande partie de la cryosphère professionnelle très dubitative devant tant d’amateurisme, surtout que l’histoire entre le pays et la cryptomonnaie ne date pas d’hier.

Il faut se rappeler qu’il y a trois ans, Bangui avait lancé le Sango Coin pour un résultat plus que mitigé. Quand certains journaux parlent « d’une expérience peu concluante », d’autres osent lâcher le mot « d’échec ». Quant à l’aventure Bitcoin nationale, la presse locale indépendante est tout à fait critique sur les bénéfices avérés pour la population, mais c’est une autre histoire. 

Mais tout ceci n’a pas refroidi les ardeurs du gouvernement en place et notamment celles du ministre centrafricain des Mines, un certain Rufin Benam Beltoungou, qui a précisé dans un message publié peu après le lancement que du CAR qu’il s’agissait carrément « d’un projet du ministère des Mines et de la géologie, exécuté par le Comptoir des minéraux et gemmes en collaboration avec la société Barnsley ». Le doute subsiste malgré tout. 

Enfin, disons tout de même un mot sur le prix de ce jeton qui a flirté avec les 0,34 centime au moment de son lancement avant de tomber à 0,05 quelques heures après. Aujourd’hui, le cours évolue autour de 0,03 centime, soit 91% de baisse. Sur le papier, cela ressemble fort à une bonne vielle arnaque des familles…mais après tout, la famille Trump n’a-t-elle pas fait la même chose ? Et d’autres célébrités avant eux aussi ?

Si vous découvrez toute cette histoire aujourd’hui, restez quoi qu’il arrive loin du jeton et n’investissez rien là-dessus. L’avenir nous dira si nous avons eu raison d’être prudent, mais en cryptomonnaie, croyez-nous, l’excès de vigilance est toujours préférable à l’investissement impétueux.