Len Sassaman est-il le créateur de Bitcoin ? Le documentaire de HBO se prépare à semer le doute !

Il y a des mystères qui refusent de mourir. Des énigmes qui, malgré le passage du temps, continuent de hanter les esprits, de fasciner les curieux. Le mystère de Satoshi Nakamoto, créateur anonyme du Bitcoin, est l’un de ces casse-têtes. Depuis la disparition virtuelle de cet individu en 2011, la question reste entière : qui se cache derrière ce pseudonyme ? Et voilà que depuis quelques jours, un nom refait surface. Celui de Len Sassaman, un cryptographe de génie, un pionnier des cypherpunks, un des tout premier mineur de Bitcoin, et surtout, un homme dont le destin tragique intrigue.

Récemment, cette théorie a pris de l’ampleur. Pourquoi ? Parce que les parieurs de Polymarket, une plateforme où l’on mise sur tout et n’importe quoi, ont soudainement parié que Sassaman pourrait être révélé comme Satoshi Nakamoto. Tout cela à cause d’un prochain documentaire HBO, Money Electric: The Bitcoin Mystery, signé Cullen Hoback, le réalisateur un brin sulfureux derrière le docu Q: Into the Storm. Alors, Sassaman, Satoshi ? Coïncidence ou vérité enfin dévoilée ? Spoiler alerte ici : nous n’aurons pas la réponse.

Len Sassaman, le cypherpunk au génie discret

Mais qui était Len Sassaman ? Né en Pennsylvanie, il quitte rapidement le cocon familial pour se focaliser sur la mouvance cypherpunks à San Francisco. Pour rappel, les cyberpunks sont un groupe d’informaticiens et activistes qui, dans les années 80 et 90, prônaient la confidentialité et la liberté sur internet. Sassaman est un prodige, une étoile montante dans la cryptographie. Il a étudié sous l’aile du légendaire David Chaum, souvent lui-même considéré comme l’un des pères de la cryptographie moderne.

Sassaman a travaillé sur des projets qui ont marqué l’histoire du cryptage, comme Pretty Good Privacy (PGP), un des logiciels de chiffrement les plus populaires au monde. Il a même cofondé la startup Osogato avec sa femme, Meredith Patterson. Il était respecté, admiré, mais aussi en lutte contre ses propres démons. En 2011, à seulement 31 ans, il met fin à ses jours… Et en hommage à son immense contribution, un message en son honneur est encodé dans le bloc 138725 de la blockchain Bitcoin.

Satoshi Nakamoto et Len Sassaman : une histoire de timing qui questionne 

Bon. Nous comprenons bien les liens du prodige de la tech avec Bitcoin. Mais, ce qui fait surtout bondir les spéculations, c’est ce timing presque dérangeant.

Le 23 avril 2011, Satoshi Nakamoto envoie son dernier e-mail à la communauté Bitcoin, sur le forum Bitcointalk. Il déclare laconiquement qu’il « passe à autre chose». Puis, silence radio, complet. Deux mois plus tard, Sassaman se suicide.

Ce départ brusque de Satoshi, suivi de la disparition tragique de Sassaman, enflamme l’imagination des passionnés de crypto. Et si ces deux événements étaient liés ? Après tout, pourquoi Satoshi, après des années de développement acharné, disparaîtrait-il soudainement sans un mot d’explication ?

Un autre élément troublant : la relation de Sassaman avec Hal Finney, l’un des premiers à avoir travaillé sur le Bitcoin. Les deux hommes étaient plus que de simples collègues. Ensemble, ils ont collaboré sur le PGP et étaient tous deux des experts en technologie de remailer. Ce sont des systèmes qui permettent d’anonymiser les communications en ligne. Certains vont même plus loin et disent que cette technologie aurait pu inspirer le concept même de Bitcoin. Finney, qui a été le premier à recevoir une transaction Bitcoin de Satoshi, reste aussi un des suspects les plus crédibles pour incarner Satoshi Nakamoto.

Cependant, ce n’est pas tout. Certains détails du style d’écriture de Nakamoto interpellent. Les textes de Nakamoto regorgent de tournures de phrases britanniques. Des expressions comme « bloody difficult » ou « maths » sont courantes dans ses messages. Et il ne faut pas oublier que le bloc de genèse du Bitcoin contient un titre du journal britannique The Times. Or, à l’époque du développement du Bitcoin, Sassaman vivait en Belgique. Proximité géographique avec le Royaume-Uni, influence culturelle ? Tout cela en pousse certains à imaginer que Sassaman pourrait bien être l’auteur de ces lignes mystérieuses.

Mais avant que la théorie ne prenne trop d’ampleur, la femme de Sassaman, Meredith Patterson, s’est empressée de démentir. En février 2021, elle poste sur X (anciennement Twitter) que son défunt mari n’était pas Satoshi Nakamoto. À ses yeux, ce n’était pas dans sa nature. Fin de l’histoire ? Pas si vite. Les spéculations continuent de circuler, les coïncidences sont trop belles pour s’arrêter là.

HBO, en quête de vérité ou de célébrité ?

En fin de compte, cette affaire ressemble à un vieux roman policier où tous les indices semblent pointer vers une conclusion, mais où le dernier chapitre reste à écrire. Le documentaire d’HBO, Money Electric: The Bitcoin Mystery, révèlera-t-il enfin la vérité sur l’identité de Satoshi Nakamoto ?  Ou bien ressortira-t-il simplement du placard de vieux fantômes ?  Diffusé à partir du 8 octobre 2024, ce documentaire soulève déjà des questions. Mais un doute persiste : HBO a-t-il vraiment intérêt à dévoiler la réponse avant même la diffusion ? Pourquoi révéler une telle information aussi vite, si ce n’est pour un coup de buzz ? Après tout, quel serait l’intérêt de gâcher le mystère avant même que le générique ne commence à défiler ?

La communauté crypto, comme elle aime si bien le faire, continue de s’interroger, de débattre, de spéculer. Mais au-delà des théories et des paris, il faut reconnaître que l’héritage de Len Sassaman dépasse largement cette quête d’identité. Qu’il soit Satoshi ou non, Sassaman a marqué à jamais le monde de la crypto et de la défense de la vie privée en ligne. Il a contribué à bâtir un internet plus sécurisé, plus libre. Et ça, c’est peut-être l’essentiel à retenir.

Le mystère de Satoshi Nakamoto persiste, fascinant autant qu’il frustre. La théorie Sassaman, malgré son allure intrigante, repose sur des coïncidences, des liens subtils, des détails qui, mis bout à bout, laissent penser que… peut-être. Mais sans preuves formelles, le créateur de Bitcoin reste une ombre insaisissable.

Quoi qu’il en soit, l’énigme de Satoshi Nakamoto continue de faire couler de l’encre. Peut-être est-il préférable qu’elle demeure ainsi, enveloppée dans une brume de spéculations et de mystère. C’est ce qui fait, après tout, tout le charme du Bitcoin : il n’a pas besoin d’un visage pour changer le monde.