De Blockstream à Etherscan, utiliser un explorateur blockchain comme un pro
Explorateur Etherscan, Blockstream… Ces deux références permettent de plonger dans les coulisses de la blockchain. Grâce à un seul et même outil : l’explorateur de blocs, il devient possible de suivre les transactions, analyser les blocs, et mieux comprendre le fonctionnement des réseaux publics comme Bitcoin et Ethereum.
Vous avez entendu parler de transparence, de traçabilité et d’immuabilité dans la blockchain ? Ces qualités reposent notamment sur l’existence d’un outil méconnu du grand public mais essentiel : l’explorateur de blocs. Grâce à lui, il est possible de lire la blockchain comme on lirait un registre comptable public. Dans cet article, nous vous apprenons à utiliser deux des explorateurs les plus populaires : Blockstream (pour Bitcoin) et Etherscan (pour Ethereum et ses dérivés EVM).
Qu’est-ce qu’un explorateur de blocs ?
Vous le savez probablement, une des plus formidable caractéristique de la technologie blockchain, dont Bitcoin est pionnier, c’est sa transparence. Une blockchain fonctionne grâce à des participants, des ordinateurs (des nœuds) qui en détiennent tout l’historique et en garantissent l’intégralité. Nous vous conseillons l’article “Tout comprendre à la blockchain en 5 questions” pour en savoir plus sur le fonctionnement des blockchains.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les données enregistrées sur une blockchain sont inaltérables. Sur une blockchain publique, les participants ont accès – en consultation uniquement – depuis leurs outils, aux données antérieures.
L’explorateur de bloc permet d’avoir accès aux mêmes données, sans avoir à devenir un participant actif et de détenir tout l’historique de la blockchain. Il se présente sous la forme d’un site internet, avec une barre de recherche et quelques données clés, parfois illustrées par des graphiques.
Note : Certaines blockchains sont privées, et certaines blockchains sont publiques mais permettent d’anonymiser des données. Dans ces cas-là, les explorateurs de blocs fonctionnent toujours, mais incluent moins de données, ou les laissent consultables mais anonymisées.
Dans un explorateur de blocs il est possible de consulter tout ce qui concerne la blockchain en question. Nous y retrouvons par exemple les transactions, les contenus et historiques des wallets, le nombre de détenteurs de la cryptomonnaie, le nombre de jetons émis, etc…
Il existe aujourd’hui plusieurs types de blockchains différentes. Nous allons nous concentrer sur les 2 plus répandues : celles de type Bitcoin, et les EVM.
Exemples avec les explorateurs Blockstream et Etherscan
Dans chaque domaine, il y a des avant-gardistes. Dans celui des explorateurs Bitcoin, nous retrouvons Blockstream, dans celui des explorateurs Ethereum, nous retrouvons Etherscan.
Blockstream, Bitcoin et l’UTXO
Blockstream est l’explorateur de bloc préféré pour tout savoir de la blockchain Bitcoin.

L’explorateur Blockstream a un stylé très épuré et se concentre sur l’essentiel. Le Dashboard présente simplement les derniers blocs minés. Ainsi, il fait apparaître : le numéro du bloc (sa hauteur), la date d’émission, le nombre de transactions incluses dans le bloc, sa taille en ko, et son poids en kWU.
Note : Le poids en kWU représente le poids optimisé grâce aux transactions Segwit.
Comment lire une transaction sur Blockstream ?
Un peu plus bas, nous retrouvons les dernières transactions. Prenons la première de la liste, et par conséquent la dernière effectuée.

Le statut indique si la transaction est confirmée ou non. Une transaction est considérée comme confirmée lorsqu’elle a été incluse dans un bloc et que d’autres blocs ont été minés par la suite.
L’ETA permet d’estimer quand cette transaction sera incluse dans un bloc. Dans ce cas, d’après l’explorateur, cette transaction devrait être incluse dans le prochain bloc.
Les frais de transaction sont les frais associés à cette transaction spécifique. Blockstream indique également si les frais sont justes, trop bas, ou trop élevés.
Ensuite, la taille “size” est la taille réelle en octets, ce qui inclut toutes les données liées. La taille virtuelle “virtual size” et le “Weight units” sont utilisés pour calculer les frais et sont utilisés depuis l’introduction de Segwit.
Il existe deux versions de structure de la transaction, 1 ou 2. La version 2 étant le standard aujourd’hui.
Le Lock Time indique simplement quand la transaction pourra être validée. Le 0 indique qu’elle peut être incluse immédiatement dans un bloc.
Les autres données sont très spécifiques et liées à Segwit et aux implémentations récentes sur Bitcoin.
Quelques heures plus tard, les données évoluent.

Nous voyons maintenant que la transaction est confirmée. “ETA” est devenu “Inclue dans le bloc” et le lien d’exploration de ce bloc spécifique apparaît.
Les détails de la transaction sur Blockstream
Le montant de la transaction, les portefeuilles (émetteur et destinataire) sont indiqués en bas de la page.

Le montant 0.00520606 BTC est le montant qui a été concerné par la transaction. Alors, pourquoi retrouvons nous les sommes de 0.00519899 BTC, de 0.0050000 BTC et de 0.0046899 BTC ?
Nous avons 3 différentes sommes car les transactions sur Bitcoin fonctionnent sur le principe de l’UTXO.
Note : L’UTXO a à peu près le même fonctionnement que l’argent liquide. Si vous possédez 1 BTC et que vous souhaitez payer 0.3 BTC, vous « donnez » le bitcoin en entier et vous recevez 0.7 BTC en rendu (monnaie de change). Bien sûr, c’est le protocole qui s’en occupe automatiquement : ce n’est pas au destinataire de vous rendre la monnaie.
La seule différence, c’est que vous ne dépensez pas « un solde », mais des fragments précis de bitcoins reçus lors de précédentes transactions : c’est ça, les UTXO. Pour en savoir plus sur le sujet passionnant de l’UTXO, je vous recommande la lecture de notre article : Une transaction Bitcoin, comment ça marche ? Tout comprendre à UTXO.
Pour en revenir à notre exemple, cela signifie que la transaction a au total dépensé 0.00520606 BTC. Ceux-ci provenaient d’une ancienne transaction, précédemment reçue. Le destinataire reçoit 0.0050000 BTC. C’est le montant qu’a saisi l’expéditeur. Les frais de transactions étaient de 707 satoshis (la plus petite unité de BTC), soit 0.00000707 BTC.
Étant donné que l’expéditeur a dû dépenser une précédente transaction reçue contenant 0.00520606 BTC, il reçoit en monnaie – en change – 0.0046899.
Rapide tour d’exploration d’un bloc sur Blockstream
Maintenant, intéressons-nous au bloc qui inclut cette transaction.

La hauteur représente le numéro du bloc. Le statut (en ETA quand le bloc n’est pas encore confirmé) indique le nombre de blocs qui ont été créés depuis. L’explorateur précise que le bloc est “Dans la chaîne la plus longue”.
Note : Avec Bitcoin, tous les participants (noeuds) du réseau suivent la règle de la chaîne la plus longue. En effet, il peut arriver que plusieurs participants ajoutent un bloc exactement en même temps, ce qui a pour conséquence de créer – temporairement – deux versions de la blockchain. Pour éviter ce type de conflit, cette règle indique que le réseau doit toujours suivre la chaîne la plus longue, celle qui contient le plus de preuve de travail. Les participants continuent alors d’ajouter des blocs et l’une des deux chaînes finira par dépasser l’autre. A ce moment-là, tous les participants reconnaissent la plus longue comme la vraie, l’autre étant abandonnée. Le risque qu’une chaîne soit abandonnée diminue fortement à chaque nouveau bloc. On considère qu’entre 3 et 6 blocs, ce risque est nul.
Afin de poursuivre sur notre exemple, on y retrouve la date, la taille totale du bloc (la taille de toutes les transactions cumulées), la taille virtuelle et le weight unit.
En dessous de la page, on y retrouve l’ensemble des transactions représentées par leurs UTXO.
Etherscan, le maître des explorateurs dédiés à Ethereum et aux EVMs
Etherscan agrège bien plus d’informations que Blockstream. Cela s’explique par le fait qu’Etherscan est un explorateur de blocs pour l’ensemble des jetons créés sur Ethereum.
Note : Ethereum a une raison d’être différente de celle de Bitcoin. Sur Ethereum, il est possible de créer sa propre blockchain, fonctionnant grâce à Ethereum. Pour en savoir plus, nous vous suggérons la lecture de cet article : Tout comprendre à Ethereum (ETH) en 10 questions.
Sur un tel explorateur de bloc, il est donc possible d’y voir les blocs Ethereum, les transactions, mais aussi celles de toutes les blockchains rattachées à Ethereum : les blockchains EVM. Maître du secteur de la DeFi, nous y retrouvons aussi la plupart des NFTs. Nous pouvons généralement consulter beaucoup plus de graphiques sur les explorateurs Ethereum, tout simplement car il y a beaucoup plus d’éléments à suivre et à comparer.
Les graphiques sur Etherscan
La page d’accueil d’Etherscan est déjà une source d’informations pertinentes. On y retrouve le prix de l’ETH, le market cap (le prix du jeton ETH multiplié par le nombre de jetons émis), le nombre de transactions et la moyenne des frais associés puis le numéro du bloc finalisé en dernier et le dernier considéré comme confirmé. Un graphique illustre le nombre de transactions journalières sur les 14 derniers jours.
Juste en dessous, on retrouve les derniers blocs minés, et les dernières transactions.

Dans le menu, dans la partie “Ressources”, il est possible de sélectionner “Charts and Stats”.

Plusieurs types de graphiques sont fournis : les données marché (e.g. prix, capitalisation, maketcap), les données blockchain (e.g. transactions, addresses, taille des blocs), des dashboards (e.g. activité des bridges, transactions en attente), les données réseau (e.g. les frais réseau, le tracker de noeuds), les statistiques liées aux DEXs, et aux smart-contracts.
Maintenant, passons à la consultation d’une transaction sur Etherscan.
Comment lire une transaction sur Etherscan?
Sur Ethereum, pas d’UTXO. Les balances des portefeuilles sont gérés comme un compte classique, on dit qu’Ethereum est “account-based” (modèle par compte ou basé sur les comptes).
Etherscan se veut plus éducatif que Blockstream. Ainsi, des définitions sont fournies sur chaque ligne, développées sur une page dédiée.

Les informations sont plus concises que sur Blockstream. On y retrouve le numéro de la transaction, son statut, la hauteur du bloc et le nombre de confirmations. Dès que la transaction est considérée comme confirmée, une coche blanche dans un rond vert apparaît ici. La date est représentée par la ligne “Timestamp”. Sur Ethereum, il est possible d’avoir un pseudo associé à une adresse. C’est le cas ici. Sur la ligne “From” on n’y retrouve pas une suite de chiffres et de lettres, mais le pseudo “titanbuilder.eth”. L’adresse du destinataire, elle, est bien une suite de chiffres et de lettres, probablement car le destinataire n’a pas créé ce pseudonyme, la démarche étant facultative. “Value” indique le nombre d’ETH et de dollars correspondants à la transaction (calculés au moment de la transaction). Ensuite, nous retrouvons les frais de transaction en ETH puis avec le gaz, en gwei.
Note : Sur Ethereum, chaque transaction consomme du gaz en fonction de sa complexité, et l’utilisateur paie ce gaz au prix qu’il a fixé (gas price). Le frais total payé (transaction fee) correspond donc au gaz utilisé multiplié par le gas price.
Passons maintenant aux détails concernant le bloc qui inclut cette transaction.
Rapide tour d’exploration d’un bloc sur Etherscan
Tout comme pour les transactions, Etherscan facilite grandement la lecture des informations fournies.

Les bulles d’informations sont toujours présentes, et une autre page dédiée permet d’avoir plus de détails.
En ce qui concerne notre bloc, nous retrouvons sa hauteur, son statut, la date et heure de création du bloc et le moment précis où le bloc a été proposé avec le système “slots & epochs”.
Note : Cette ligne indique à quel moment précis un bloc a été proposé, en se basant sur le système de slots et epochs utilisé par les blockchains comme Ethereum 2.0. Un époque (epoch) est une période regroupant plusieurs slots, et chaque slot correspond à une opportunité de proposer un bloc.
Il est aussi indiqué le nombre de transactions contenues dans le bloc, le nombre de retraits (ETH sortis du réseau). On y retrouve également le pseudo ou l’adresse de celui qui reçoit les frais (qui a validé le bloc), le montant de cette récompense. “Total difficulty” représente la quantité totale d’effort fournie par les mineurs pour construire la blockchain jusqu’à ce bloc. Plus elle est élevée, plus la chaîne a demandé de travail pour être créée. Le poids d’un bloc est représenté par sa taille (en octets), et on y trouve aussi la quantité totale de gaz utilisé pour exécuter les transactions qu’il contient. On y indique également le prix du gaz (gas price), les frais totaux payés, ainsi que la part des frais qui a été brûlée (burned), c’est-à-dire définitivement retirée de la circulation selon le mécanisme introduit par EIP-1559.
L’explorateur de blocs, votre allié savoir
En somme, que vous soyez simple curieux ou futur analyste on-chain, explorer la blockchain est une compétence clé pour comprendre cet univers. Blockstream vous donne un aperçu direct de l’écosystème Bitcoin, tandis qu’Etherscan dévoile la richesse et la complexité du monde Ethereum. Plus qu’un outil de vérification, l’explorateur de blocs devient un allié indispensable pour naviguer avec confiance dans le Web3.