Cryptomonnaies et blockchain : Zanzibar, une source d'inspiration pour le Fenua ?
La région semi-autonome de Zanzibar se positionne comme un nouvel acteur de la tech africaine avec son National Blockchain Sandbox. Comment ? Avec un cadre innovant qui favorise les startups en quête de solutions pour l’inclusion financière, la certification numérique et plus encore. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres régions insulaires comme la Polynésie française.
Nombreux sont les petits pays qui, à l’image de l’Éthiopie, tentent par tous les moyens de donner de la valeur à leur économie, de la sécurité et du sens. Et aujourd’hui, un nouveau petit pays tire justement son épingle du jeu. Une île : Zanzibar.
En effet, Zanzibar, qui se profile comme un acteur émergent de la blockchain en Afrique avec son National Blockchain Sandbox. Un projet qui transforme l’archipel tanzanien en accueillant des startups pour tester des solutions technologiques dans un environnement protégé. Un exemple, qui nous fait réfléchir. Une telle initiative pourrait stimuler le développement numérique et l’inclusion financière au Fenua ? On fait le point.
Qu’est-ce qu’un Sandbox ? L’exemple de Zanzibar
Quand la crypto a un grain
Commençons par un point définition. Un sandbox (bac à sable en français) est un espace réglementé où les entreprises peuvent tester des innovations, un peu comme un bac à sable pour les enfants, mais ici, l’objectif n’est pas de construire des châteaux temporaires mais bien de mettre au point des technologies prêtes pour le « vrai monde ». Ce cadre offre une protection : les règles y sont assouplies pour encourager l’expérimentation sans compromettre la sécurité ni l’intégrité des utilisateurs finaux.
Dans le secteur crypto, les sandbox sont monnaie courante, surtout dans les pays dits riches. Toutefois, certains pays émergents se distinguent, coucou le Salvador, en souhaitant créer un cadre accueillant pour le secteur crypto là où les pays riches, justement, coucou les USA, sont plus réticents face à une adoption des cryptomonnaies.
Zanzibar, l’élève modèle ?
Zanzibar est un archipel semi-autonome de Tanzanie. Il a un statut complexe, mélange d’indépendance et de subordination. Bien qu’intégrée à la Tanzanie depuis l’union de 1964 entre la République populaire de Zanzibar et le Tanganyika, Zanzibar conserve une autonomie administrative avec son propre président, parlement et système juridique, principalement pour les questions intérieures. En revanche, les affaires étrangères et la défense restent sous la gouverne de l’État central tanzanien. Ce statut permet à Zanzibar d’avoir une certaine marge de manœuvre, comme le montre son initiative National Blockchain Sandbox, qui vise à attirer des investisseurs et des entreprises technologiques pour dynamiser son économie.
À l’instar de la Polynésie française, qui dépend de la France tout en jouissant d’un degré d’autonomie, Zanzibar se retrouve dans un équilibre délicat entre dépendance et gestion indépendante, ce qui lui permet de renforcer son identité culturelle et d’expérimenter des politiques économiques propres. Mais restons centrés sur notre sujet.
Un sandbox comme celui de Zanzibar, permet-il aux startups de tester des solutions dans un environnement allégé de contraintes réglementaires strictes, mais toujours sécurisé et régulé, à sa manière ? Conçu par LedgerFi IT sur la blockchain XDC, comme l’explique la branche Kényane du Wall Street Journal, ce sandbox fournit aux entreprises un lieu pour expérimenter sur des secteurs critiques, comme l’inclusion financière, la vérification d’identité et la délivrance de certifications numériques. À l’instar du bac à sable physique, ce cadre réglementaire encourage la créativité sans les risques directs du marché réel, permettant aux entreprises de construire des solutions robustes et adaptées, avant de se lancer sur le marché.
Dans les détails, concernant l’île de Zanzibar, la Banque de Tanzanie (BoT) a conçu son cadre de sandbox pour les fintech avec des critères d’éligibilité rigoureux : seules les entreprises possédant des droits de propriété intellectuelle sur leurs services sont acceptées. Les candidats doivent également fournir une évaluation approfondie des risques liés à leurs produits, incluant les risques potentiels, leurs causes, et les mesures de contrôle envisagées. Cette phase de test est encadrée sur une période de 9 mois, à la fin de laquelle un rapport est produit pour évaluer les succès et les défis du projet dans le sandbox.
Les leçons à tirer de l’expérience blockchain de Zanzibar
Zanzibar, avec son National Blockchain Sandbox, est en passe, peut-être, de devenir un laboratoire technologique pour toute l’Afrique, et cette démarche offre une perspective intéressante pour le développement d’un projet similaire en Polynésie française.
“Le Kenya et la Tanzanie sont jusqu’à présent signalés comme ayant le plus grand nombre d’entrepreneurs de crypto et de volumes de transactions en Afrique de l’Est. Ces statistiques ne sont cependant pas officielles.”
Le sandbox blockchain de Zanzibar prouve qu’un cadre flexible peut être un levier pour attirer les startups et les investisseurs. Selon des études récentes, les sandboxes permettent aux entreprises de réduire de 30 % leur délai de mise sur le marché en simplifiant les itérations et les ajustements de leurs produits.
En Polynésie, un sandbox inspiré de Zanzibar pourrait offrir des avantages similaires, notamment :
- Réduction des risques : Les investisseurs hésitent souvent à financer des projets en phase de test en raison de la volatilité et des risques associés. En offrant un environnement réglementé mais souple, la Polynésie pourrait inciter les investisseurs à soutenir des innovations locales.
- Accès à des ressources expertes : Un sandbox offrirait un cadre structuré où les entreprises pourraient bénéficier de formations et de mentorat. En Afrique, Zanzibar a réussi à attirer des partenariats avec des experts de la blockchain, ce qui renforce le potentiel de chaque startup dans le programme.
Blockchain sur le Fenua : une opportunité inexploitée ?
Pour les startups polynésiennes, un sandbox pourrait servir de tremplin pour expérimenter de nouvelles solutions adaptées aux besoins du Fenua, en particulier dans les domaines de la certification d’identité et de l’inclusion financière. Un domaine déjà testé par certaines institutions locales. Actuellement, Zanzibar utilise ce modèle pour attirer les talents du continent africain et inciter les investisseurs à réduire leur exposition au risque tout en soutenant l’innovation locale.
En somme, l’approche de Zanzibar pourrait représenter un modèle réaliste. Alors que les questions de souveraineté et de gouvernance locale sont importantes en Polynésie, un sandbox pourrait offrir une solution où startups, investisseurs et institutions locales collaboreraient pour bâtir un écosystème numérique adapté aux réalités insulaires et économiques de la région.
En Polynésie française, les besoins en matière de services financiers inclusifs et de solutions numériques sont importants, notamment pour les communautés isolées et l’économie informelle. Actuellement, l’archipel ne dispose pas d’infrastructure blockchain pour expérimenter des solutions adaptées aux spécificités insulaires.
Quelles seraient les opportunités pour la Polynésie ?
Elles sont nombreuses :
- Inclusion financière : De nombreuses îles de la Polynésie souffrent d’un accès limité aux services bancaires traditionnels. Un sandbox blockchain pourrait faciliter l’implantation de solutions de paiement digital et de micro-crédit, offrant ainsi une alternative accessible aux populations éloignées des institutions bancaires classiques.
- Certification d’identité : Dans une région où les démarches administratives peuvent être longues et complexes, la blockchain pourrait simplifier la vérification d’identité pour les résidents et entreprises du Fenua. Les solutions basées sur la blockchain permettent de centraliser et sécuriser les informations personnelles, tout en garantissant leur intégrité.
- Traçabilité des ressources locales : La blockchain pourrait également renforcer la traçabilité et la certification des produits polynésiens, comme les perles, garantissant leur authenticité et facilitant leur exportation sur le marché international.
Si la Polynésie française s’inspire de Zanzibar, elle pourrait se positionner en tant que centre technologique du Pacifique. Avec une initiative de sandbox blockchain, le Fenua pourrait attirer non seulement des startups locales, mais aussi des acteurs internationaux cherchant à développer des solutions adaptées aux îles du Pacifique et à leurs défis uniques. Un tel projet pourrait également renforcer l’autonomie économique et la souveraineté numérique de la région.
Mais elle n’en est pas là. Ne soyons pas utopistes pour autant. Toutefois, les contours d’une réflexion pertinente se dessinent. Et il reste aussi pertinent qu’intéressant de les suivre.