Bitcoin reconnu comme actif financier par le FMI ? Décryptage d’une news à la portée mondiale
Le Bitcoin vient de franchir une étape majeure : sa reconnaissance par le FMI comme un crypto-actif, non seulement pertinent mais classé officiellement comme actif non financier. Décryptage de cette évolution significative.
Le FMI vient de reconnaître le Bitcoin comme un actif non financier, un tournant pour les cryptomonnaies. Cette évolution a des implications pour les régulations mondiales et le rôle du Bitcoin dans l’économie globale.
Le Bitcoin classé pour la première fois comme crypto-actif par le FMI
La FMI vient de publier l’édition numéro 7 du “Manuel intégré de la balance des paiements et de la position extérieure globale”. Et sa parution a de quoi faire couler l’encre des médias cryptos : Bitcoin et les cryptomonnaies sont mentionnées plusieurs fois.
Passons en revue ces mentions pour voir ce qu’elles veulent dire. Dans ce rapport, le Bitcoin est mentionné à cinq reprises.
Actif financier ou non financier avec ou sans contrepartie de responsabilité
La première mention apparaît dans la préface :
« Crypto-actifs : Une orientation sur la typologie et la classification des crypto-actifs est fournie. Les crypto-actifs sans contrepartie de responsabilité conçus pour servir de moyen d’échange (par exemple, le Bitcoin) sont considérés comme des actifs non financiers non produits et enregistrés séparément dans le compte de capital ; ceux ayant une contrepartie de responsabilité sont considérés comme des actifs financiers. »
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Qu’est-ce qu’une contrepartie de responsabilité ?
Une contrepartie de responsabilité indique qu’un actif est associé à une obligation de la part d’un émetteur. Dans ce cas, l’émetteur de l’actif (l’entité émettrice) a une dette ou un engagement envers le détenteur de l’actif.
Bitcoin n’a pas d’entité émettrice. Les bitcoins sont émis par les mineurs et sont complètement décentralisés. En conséquence, les bitcoins sont sans contrepartie de responsabilité. Dès lors, ils entrent dans la catégorie des actifs non financiers.
Dans la catégorie des actifs financiers, nous retrouvons les actifs qui ont une contrepartie de responsabilité. Ce sont les actifs qui représentent une créance sur un tiers (i.e. entreprise, institution, protocole). Il s’agit de certains stablecoins, comme l’USDC. Dans le cas de l’USDC, l’entité émettrice garantie que chaque jeton est adossé à une réserve équivalente en dollar et a donc une responsabilité envers les détenteurs.
Les RWAs, les actifs du monde réel, sont adossés à des actifs existants, et possèdent ainsi une contrepartie. Ils entrent dans la catégorie des actifs financiers.
La fongibilité des actifs financiers et non financiers
Nous parlions des jetons fongibles et non fongibles dans un récent article consacré à l’univers Dinovox.
Ces actifs sont définis dans la partie “Digital representations of value” (Représentations numériques de valeur) :
« 16.81 Les crypto-actifs sont classés comme fongibles ou non fongibles. Les crypto-actifs fongibles sont divisibles et non uniques (par exemple, un bitcoin est équivalent à un autre bitcoin et peut être divisé en parties égales de valeur similaire). À l’inverse, les crypto-actifs non fongibles, communément appelés [jetons ou] tokens non fongibles (NFTs), sont uniques et indivisibles […]
Les crypto-actifs fongibles sont classés en trois grandes catégories :
(i) ceux conçus pour servir de moyen d’échange général (eux-mêmes divisés entre ceux ayant, et ceux n’ayant pas, une contrepartie de responsabilité) ;
(ii) ceux conçus pour servir de moyen d’échange au sein d’une plateforme ou d’un réseau — également appelés [jetons ou] tokens de paiement (eux aussi divisés entre ceux ayant, et ceux n’ayant pas, une contrepartie de responsabilité) ;
(iii) les crypto-actifs de type « security ».
Les crypto-actifs de type « security » représentent une créance de dette ou une participation sur l’émetteur. Ils sont similaires aux titres traditionnels mais sont échangés de pair à pair grâce à la cryptographie. On les appelle également security tokens, asset tokens ou investment tokens. Ils ont toujours une contrepartie de responsabilité et doivent être enregistrés comme titres de dette, titres de participation ou instruments dérivés financiers, selon la nature de la créance sur l’émetteur. Les utility tokens, qui fournissent aux détenteurs un accès futur à des biens et services, doivent être classés comme titres de dette. »
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Le FMI nous livre une définition claire des crypto actifs, entre actifs fongibles, et puisqu’un bon graphique est toujours mieux qu’un long paragraphe, voici l’arbre de décision pour la classification des actifs numériques fongibles :

En page 874, la place de Bitcoin dans sa classification est précisé une nouvelle fois :
« Une orientation sur la typologie et la classification des crypto-actifs est fournie. Les crypto-actifs sans contrepartie de responsabilité conçus pour servir de moyen d’échange (par exemple, le Bitcoin) sont considérés comme des actifs non financiers non produits et enregistrés dans une catégorie distincte du compte de capital ; ceux ayant une contrepartie de responsabilité sont considérés comme des actifs financiers. »
Page 874
Le monde de Bitcoin et des crypto change avec le FMI
Le bitcoin et les cryptos sont un moyen de paiement
C’est le FMI qui le dit. Le bitcoin et les crypto-actifs sont des moyens de paiement, au même titre que l’argent liquide, les chèques ou les cartes de crédit. De quoi donner du fil à retordre à votre tonton anti-cryptos au prochain repas de famille.
« Moyens de paiement : Désigne l’instrument utilisé pour effectuer un paiement, tel que l’argent liquide, un chèque, une carte de débit/crédit, les stablecoins ou les crypto-actifs sans contrepartie de responsabilité (par exemple, les bitcoins). »
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2025, l’année des institutions et des régulations en faveur des cryptos ?
Le FMI avance à deux allures
Nous ne pouvons que faire le parallèle ironique avec les récentes pressions du FMI envers le Salvador : « Vous aider oui, mais abandonnez Bitcoin ».
Les conditions du FMI n’ont fait que grandir depuis le début des négociations, pour en arriver à interdire l’achat de BTC dans le cadre de sa réserve stratégique nationale. Le FMI impose, il ne peut y avoir « aucune accumulation volontaire de BTC par le secteur public ».
Une décision qui rejoint un peu la stratégie du gouvernement US dans son acquisition de bitcoins.
La publication de ce rapport montrerait-il que le FMI est sur la bonne voie ?
Le rapport du FMI : 1076 pages pour être à la page
Ce rapport nous montre, une nouvelle fois, que les institutions ont entendu l’appel de la décentralisation et de l’innovation. Grâce au FMI, les lois mondiales pourront évoluer dans un cadre commun et standardisé. Frein à l’adoption ou nécessité absolue ? Quoi qu’il en soit, l’avenir est prometteur, car il reconnaît enfin la valeur indéniable des technologies de registre distribué et de tous les actifs qui en découlent. On pourra bientôt le crier sur tous les toits : “on vous l’avait dit”.